Le président de l'UGEA a souligné que 70% des chantiers de réalisation de logements sont à l'arrêt. “Quelque 70% de nos chantiers sont à l'arrêt”, nous a affirmé, hier, le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens, en raison de la flambée des prix des matériaux de constructions, notamment le rond à béton et le ciment. Invité du centre de presse d'El Moudjahid, M. Abdelmadjid Dennouni avance que le rond à béton, dont 80% des besoins sont importés, a connu une augmentation de 5 000 dinars le quintal à 12 000 dinars en deux mois seulement. Cette hausse explique par deux la hausse des prix du rond à béton sur le marché mondial, actuellement le prix varie entre 900 et 1 000 dollars la tonne, mais aussi par la désorganisation du marché qui engendre la spéculation. “Le ciment connaît aussi des phénomènes spéculatifs sans précédent, dus essentiellement au déséquilibre entre l'offre et la demande, du fait de la fermeture de certaines usines de production de ciment, au même moment”, affirme le président de l'UGEA, Abdelmadjid Dennouni. Le sac de ciment de 50 kg, sorti de l'usine à 210 dinars environ, est cédé à 500 dinars sur le marché. Les autres produits cut-back, bitume, agrégats et autres… connaissent un renchérissement des prix. “Du coup, le prix d'un logement de 100 mètres carrés bâtis connaîtra une augmentation de 30 millions de centimes (300 000 dinars) dans cette conjoncture”, regrette Abdelmadjid Dennouni. Le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens s'est dit satisfait “des réponses rapides apportées par les pouvoirs publics”. La représentante du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, Mme Aït Mesbah, révèle la tenue de deux conseils interministériels sur la question des prix des matériaux de construction. Elle explique que les prix du ciment n'ont pas varié au niveau des cimenteries publiques, alors qu'au niveau de la cimenterie privée ACC des hausses de l'ordre de 2,5% pour le vrac et de 3 à 4% pour le sac. Un représentant des cimenteries publiques insiste sur le fait qu'il n'y a pas eu d'augmentation des prix au niveau des cimenteries publiques. La production, par contre, est passée de 3 millions de tonnes en 2003 à 11,6 millions de tonnes en 2007, soit une hausse de 42%. Il affirme que 5 des 12 cimenteries publiques sont gérées (contrat de management) par des partenaires étrangers. Selon lui, les entreprises de réalisation sont prioritaires au niveau des cimenteries publiques. “Seulement, il est inadmissible que certains opérateurs fassent de la revente en l'Etat”, accuse-t-il. Abdelmadjid Dennouni, tout en reconnaissant l'existence du phénomène de spéculation, affirme que les entrepreneurs ne sont satisfaits qu'à 40%. “Quand nous demandons 100 tonnes, nous ne recevons que 40 tonnes”, souligne-t-il. Ce que le président de l'UGEA regrette, c'est la fermeture en même temps de quatre cimenteries, d'où la tension et la spéculation sur le marché. Par contre, pour ce qui du rond à béton, la représentante du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, reconnaît que l'augmentation des prix est importante. Les besoins pour la réalisation de logements et des programmes d'équipements publics sont estimés à 3 millions de tonnes par an. “Nous ressentons des perturbations qui pourraient retarder la réalisation des programmes”, souligne-t-elle. Effec-tivement le prix du rond à béton a connu une augmentation de l'ordre de 10 000 à 15 000 dinars par tonne. Mme Aït Mesbah évoque comme solution la concrétisation, prochainement, d'un certain nombre d'investissements dans ce domaine. Elle évoque aussi “des mesures permettant d'assurer l'équilibre des marchés conclus et à conclure”, sans préciser le type de mesure. C'est un travail d'étude d'impact de la hausse des prix du rond à béton. L'Union générale des entrepreneurs algériens se dit optimiste, affirmant vouloir aider les pouvoirs publics, à travers un certain nombre de propositions. L'UGEA demande d'interdire la passation de marché public sans clause de révision et d'actualisation des prix. Le président de cette organisation estime que les OPGI, sur certains marchés, ne prévoit pas ce type de clauses. L'UGEA demande la publication des indices de révision des prix qui n'ont pas vu le jour depuis 2005 et leur mise en application immédiate. Elle suggère, par ailleurs, la mise en place d'avenants de régularisation, de compensation des surcoûts ou d'avenants forfaitaires. “Ce n'est que par ces mesures que le programme de un million de logements et autres équipements sera sauvé”, souligne Abdelmadjid Dennouni. Mme Aït Mesbah informe les membres de l'UGEA que les indices de révision des prix pour l'année 2006 et les trois premiers trimestres 2007 sont élaborés et sont soumis au ministère des Finances pour homologation. “Il sera procédé incessamment à leur publication”, annonce-t-elle. À noter que l'UGEA compte comme adhérents 6 000 entreprises employant au total entre 70 000 et 80 000 salariés. Meziane Rabhi