De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Au cours de la conférence de presse qu'il a animée à Oran jeudi, en marge de la rencontre extraordinaire des fédérations UGEA de la région Ouest, le président de l'Union générale des entrepreneurs algériens, Abdelmadjid Dennouni, n'a pas été par trente-six chemins pour fustiger le «favoritisme» dont les entreprises étrangères de BTP bénéficient auprès des pouvoirs publics algériens. De la caution qui est exigée aux entreprises nationales lors des soumissions alors que la certification ISO suffit aux étrangères, aux délais de paiement variant des unes aux autres en passant par la rapidité de l'approvisionnement en matériaux de construction, Abdelmadjid Dennouni estime que les entreprises algériennes sont victimes d'une ségrégation que rien ne justifie plus : «Autrefois, les sociétés algériennes étaient sous-équipées et manquaient de compétences mais aujourd'hui, elles sont conscientes de l'enjeu économique, disposent des moyens nécessaires et peuvent prendre en charge les projets de développement économique», a-t-il affirmé en voulant pour preuve le fait qu'environ «60% des projets confiés aux constructeurs étrangers sont réalisés en sous-traitance avec des opérateurs algériens.» Pour rendre justice aux entreprises nationales, Dennouni a appelé à la révision des lois afin de bannir la concurrence déloyale en vigueur actuellement, et mettre toutes les entreprises, qu'elles soient algériennes ou étrangères, sur le même pied d'égalité. Ce qui permettra, estime-t-il encore, de maintenir en Algérie l'emploi, les compétences et les capitaux : «Dans le programme quinquennal 2005-2009, les sociétés étrangères ont bénéficié de projets d'une valeur de 24 milliards de dollars et la moitié a été consacrée à des études que des bureaux algériens auraient très bien pu mener, s'est encore insurgé le conférencier en rappelant que seuls 1 000 ingénieurs algériens ont été formés dans le cadre du mégaprojet à 12 milliards de dollars de l'autoroute Est-Ouest. Où sont la formation et le transfert de savoir-faire qui accompagnent généralement les projets de cette ampleur ? s'est interrogé le président du groupe Dennouni, qui, cependant, n'a pas osé évoquer ouvertement le phénomène de la corruption qui, comme tout le monde le sait, n'est jamais très loin des projets à fortes devises : «C'est un phénomène universel, les lois existent chez nous, il suffit juste de renforcer le contrôle», s'est-il contenté de répondre lorsqu'une question lui fut posée. Abdelmadjid Dennouni a également abordé l'avant-projet de loi sur la promotion immobilière, jugé inquiétant par les promoteurs à l'orée de la réalisation du million de logements prévu dans le programme présidentiel : «Nous ne voulons pas de cette mouture et nous demandons à être associés à son élaboration. Nous avons des propositions à soumettre à ce que nous voulons comme un arsenal juridique équilibré régulant le marché du logement, qui tienne compte des intérêts de l'Etat, du promoteur et du bénéficiaire, et non pas un code pénal à portée uniquement répressive», a-t-il souhaité, appelant à plus de tempérance dans les jugements : «Il y a des promoteurs véreux mais il ne faut pas les généraliser à toute la corporation.»