Tout cela ne serait sans doute pas arrivé si, à défaut de disposer partout de ces fameuses compteuses de billets, on avait décidé de généraliser l'usage du chèque. Que des faux billets soient en circulation chez nous, le fait n'est pas nouveau : les rubriques faits divers des journaux sont quotidiennement alimentées de ce genre d'informations et plus aucune région n'est épargnée par le phénomène. Mais que l'on en vienne à décréter l'alerte dans les banques et institutions financières du pays et que les cambistes, eux-mêmes travaillant dans la clandestinité, quoique à découvert, se sentent concernés par une telle alerte, cela ne signifie qu'une chose : le mal a atteint des proportions autrement plus graves et il fait planer, de ce fait, un vrai danger sur l'économie nationale. Comment en est-on arrivé à pareille situation ? Une chose est sûre : les trafiquants sont à l'affût des faiblesses qu'ils s'attellent à repérer dans le fonctionnement du système bancaire ou dans les modes de paiement en vigueur pour ensuite en faire “bon usage”. Le commun des citoyens vous dira que “chez nous, l'argent n'a pas de valeur”. Un peu pour signifier qu'il en faut beaucoup pour n'acheter que peu, mais aussi pour décrier le peu d'intérêt qui, chez nous, est accordé à ce symbole de souveraineté parmi d'autres qu'est la monnaie nationale. On se rend compte en effet de la “dévaluation” de celle-ci, non pas seulement au marché, quand on fait ses courses, mais aussi à la simple vue de nos billets, celui de 200 DA notamment. Usés, lacérés, scotchés et re-scotchés. Difficile, dans ces conditions, de distinguer le faux du vrai. Sauf peut-être par l'usage de moyens appropriés. Sauf que ces moyens-là ne sont disponibles que dans les agences bancaires. Pas dans les commerces, pas même dans toutes les agences postales, ni dans les centres de paiement de sociétés ou autres mutualités où l'on encaisse, chaque jour que Dieu fait, des montants substantiels. Autant de failles qui font prospérer l'activité des faux-monnayeurs et qui, certainement, ont inspiré des trafiquants de dinars jusqu'en dehors de nos frontières. Tout cela ne serait sans doute pas arrivé si, à défaut de disposer partout de ces fameuses compteuses de billets, on avait décidé de généraliser l'usage du chèque et, surtout, si l'on avait promulgué une loi faisant obligation aux divers opérateurs d'accepter le paiement par chèque qui reste encore, malgré les appréhensions des uns ou des autres, le moyen le plus sûr d'éviter de tomber dans les nasses des trafiquants. Certes, cela passe par une vraie réforme bancaire, celle-là même qui reste encore attendue. S. C.