Selon les syndicats autonomes, la lettre de Benbouzid n'a fait que rajouter de l'huile sur le feu. Ils ont répondu au ministre en maintenant la grève d'une semaine cyclique jusqu'à l'aboutissement de leur revendication. Ils l'accusent “de mauvaise foi” et de vouloir gagner du temps en utilisant l'opinion publique. Considérant les arguments en sa faveur, M. Benbouzid a pris les devants en appelant les syndicats autonomes de l'éducation à “la raison”, en prévision des mouvements de protestation qui toucheront son secteur cette semaine. Il s'est même interrogé sur les véritables motivations de cette protesta, alors que le gouvernement, selon lui, s'est engagé à prendre en charge leurs doléances. La réponse des syndicats autonomes a été immédiate. Ils ont décidé à l'unanimité de maintenir leur mouvement de grève d'une semaine cyclique jusqu'à l'aboutissement des revendications des enseignants. “Nous avons démontré notre sagesse et notre sens des responsabilités en suspendant le mouvement de contestation de novembre 2009. Maintenant, c'est au tour de Benbouzid d'être raisonnable et d'honorer ses engagements. La balle est dans son camp”, a déclaré d'emblée Meziane Meriane, secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), lors d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Il a expliqué que toutes les négociations menées avec le ministère de l'Education finissent toujours en queue de poisson, notamment la rencontre de jeudi dernier. “Comment peut-il nous parler de sagesse, alors que le Benbouzid nous demande d'attendre les augmentations globales de la Fonction publique ? Sachant que plusieurs statuts ne sont pas encore prêts et qu'aucune date butoir n'a été arrêtée pour ces augmentations. Les enseignants n'ont pas patienté tout ce temps pour que leurs revendications soient noyées dans un régime global”, a-t-il précisé, avant d'annoncer le maintien de la grève du Snapest prévue pour demain. Il a rappelé que la date de l'application du régime indemnitaire convenu avec le ministère de l'Education a été arrêtée au 31 mars prochain, et que rien n'a été fait jusqu'à présent. “La fameuse commission ad hoc chargée du dossier du régime indemnitaire s'est réunie six fois, et cela n'a rien donné. Le ministre de l'Education veut gagner du temps pour fuir ses engagements”, s'indigne-t-il. Concernant la rétroactivité du paiement des indemnités, M. Meriane appréhende la démarche du ministère de l'Education et réclame le maintien du pourcentage de 40% de la PRI (prime de rendement individuel). Outre les réclamations salariales, le premier responsable du Snapest revient sur le problème des maladies professionnelles, celui des œuvres sociales ainsi que la retraite après 25 ans de service. “À travers cette lettre, Benbouzid a démontré sa mauvaise foi en voulant manipuler l'opinion publique contre les enseignants. La responsabilité des élèves dépend uniquement de lui et du dénouement de la crise”, a-t-il conclu. La lettre de Benbouzid a visiblement créé l'effet inverse puisqu'on retrouve le même son de cloche chez la majorité des syndicats de l'éducation. Selon eux, les propos du ministre de l'Education n'ont fait que rajouter de l'huile sur le feu. “Au moment où nous attendons la promulgation du régime indemnitaire, Benbouzid nous sort cette lettre qui n'annonce rien de bon. Ses propos ne font que conforter notre décision d'aller vers la grève cyclique”, a déclaré un représentant de la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE). Quant au Cnapest, il accuse le ministre de vouloir devancer les enseignants en utilisant l'argument des élèves afin de manipuler l'opinion publique. “Au lieu d'honorer ses engagements, le ministre a opté pour l'option de la globalisation de nos revendications avec les autres secteurs de la Fonction publique. À travers cette démarche, Benbouzid veut inonder nos revendications, nous avons beaucoup plus à perdre qu'à gagner et les indemnités seront insignifiantes”, a précisé M. Larbi Nouar, premier responsable du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Le Conseil des lycées d'Algérie a, pour sa part, opté pour une grève le 21 février suivie d'un sit-in. Les syndicats autonomes ont appelé à une forte mobilisation afin de concrétiser leurs revendications.