De notre correspondant à Tlemcen Feth Allah Chawk C e n'est plus un secret pour personne que la fraude, la contrebande et la contrefaçon font perdre chaque année à l'Etat d'importantes sommes d'argent. A la frontière algéro-marocaine, la contrebande du fioul mine l'économie locale, étant donné que le prix du litre est cédé à nos voisins entre 45 et 50 dinars, alors que son prix d'achat ne dépasse pas les 14 dinars. Mensuellement, les services de la gendarmerie, la police et les Douanes opèrent des saisies importantes évaluées, selon ces sources, à plus de 100 000 litres par mois. Selon les spécialistes, toutes les formes de contrebande entraînent des pertes lourdes pour l'économie nationale, et il appartient à l'ensemble des acteurs de traquer les fraudeurs et les contrebandiers jusque dans leurs derniers retranchements. Selon des douaniers, l'étude du phénomène de la contrebande nous révèle l'existence d'un certain nombre de facteurs qui ont favorisé l'apparition et l'aggravation de ce fléau, lesquels, a-t-on expliqués, peuvent être d'ordre économique ou social, selon la nature des produits «importés», faisant allusion à la politique fiscale, qui consiste à importer des produits hors douane, permettant aux contrebandiers de réaliser des profits considérables, très coûteuse. Le tabac occupe la 2e place après les carburants Dans ce cadre, le tabac reste le deuxième produit après le carburant fortement taxé (la décision du 30/11/1994 du ministre des Finances), ce qui expliquerait son prix élevé sur le marché interne, et, par conséquent, encouragerait les contrebandiers à importer des quantités immenses en contournant les bureaux de douane pour éviter le paiement des droits et taxes. Les saisies effectuées par l'ensemble des services de sécurité, durant cette année, montrent à quel point les marques de cigarettes (Marlboro, Gauloises, Winston, légende, etc.) sont introduites illégalement, alors que le carburant coule à flots de l'autre côté de la frontière. Dans ce sillage, plusieurs stations d'essence ont été fermées par décision du wali ; et on fera remarquer qu'une station d'essence à la frontière livrait un volume dix fois supérieur à celle d'Oran ou d'Alger. A ce niveau, il existe, selon des statistiques, plus de 3 000 véhicules, Mercedes, R21, camions, etc., qui acheminent gasoil et essence au Maroc, à travers des pistes bien maîtrisées. Même les baudets sont utilisés dans ce commerce. Des statistiques révèlent que le fioul algérien est bénéfique pour les automobilistes marocains, car cédé à 80 dinars. Ainsi, a-t-on expliqué, les gains tirés de ces opérations sont considérables, et les contrebandiers possèdent des moyens de communication et de transport très sophistiqués pour effectuer leurs opérations rapidement et avec garantie. En effet, la difficulté de contrôler les frontières favorise l'accès des contrebandiers au royaume chérifien sans qu'ils soient interceptés par les agents de sécurité, douaniers, GGF ou la BMPJ. Selon un universitaire, les causes de la contrebande sont multiples. Il s'agit, entre autres, de la détérioration des conditions de vie et de la dégradation des mœurs au sein de la société civile. Ces deux facteurs ont favorisé les déviations dans le comportement, à l'exemple des adolescents qui s'adonnent à la consommation de la drogue et des stupéfiants, acquis illégalement. Ce climat favorise inéluctablement la contrebande des drogues, des stupéfiants et des hallaba. Au volet économique, la contrebande génère des pertes très importantes au Trésor public. «Nous pouvons toujours évoquer l'exemple des produits tabagiques ; dans ce cadre, les pertes annuelles enregistrées au Trésor public sont de l'ordre de 35 millions de dinars, dues à la vente illégale des cigarettes, autrement dit, la compromission des droits et taxes.» Contrebande et blanchiment d'argent A cela s'ajoute l'importation de certaines marchandises non taxées au détriment des entreprises nationales, lesquelles produisent le même produit, car celles-ci sont écoulées au noir à des prix inférieurs au marché local, ce qui attire le consommateur. Par ailleurs, la contrebande génère le blanchiment d'argent, et les trafiquants tirent des profits imaginaires au détriment de l'économie nationale. Ceux de la drogue, par exemple, sollicitent les spécialistes des questions financières pour procéder au blanchiment de sommes d'argent énormes provenant de ce trafic, en recourant à des réseaux compliqués de comptes bancaires et à d'autres transactions financières ainsi qu'à des compagnies, vites menées en faillite. Dans ce sillage et dans le cadre de la lutte contre ce fléau ravageur, l'Etat a réalisé 25 postes frontaliers. Ces opérations ont été inscrites en 2006, suite à la prospérité de la contrebande à travers la frontière algéro-marocaine. Cependant, et malgré les efforts colossaux déployés par les gardes frontières, ce phénomène ne cesse de progresser de façon alarmante, et seules des politiques rigoureuses parviendront à affaiblir cette activité.