Comme à chacune de ses sorties sur le terrain, qu'il multiplie depuis quelque temps, le ministre de l'Energie et des Mines n'a pu éviter, hier, à Oran, les questions des journalistes autour du scandale Sonatrach, d'autant plus que viennent d'être confirmés le mandat de dépôt de plusieurs hauts cadres et le maintien sous contrôle judiciaire du désormais ex-P-DG Mohamed Meziane. Mais bien que refusant brutalement de répondre à certaines questions dérangeantes sur cette affaire, qui chaque jour livre un peu plus de ses secrets, le ministre choisira, à sa façon, d'aborder ce sujet en lâchant des phrases qui seront autant de messages à comprendre pour qui veut. En effet, ce dernier, lors du traditionnel point de presse organisé en marge de ses visites des différents préparatifs liés au GNL-16, Chakib Khelil dira son satisfecit sur la “qualité” des ressources humaines au sein de Sonatrach. “Nous avons les ressources humaines les mieux formées, sauf pour certains cadres. Nous avons créé des institutions, ce ne sont pas les hommes qui font les institutions. Les cadres partent mais les institutions restent, d'autres hommes et d'autres cadres sont là pour prendre la relève et continuer à travailler !” Des propos tenus alors que l'actuel P-DG de Sonatrach par intérim Abdelhafid Feghouli se trouvait à ses côtés. Des propos que d'aucuns ont immédiatement perçu comme étant une “désolidarisation” définitive des cadres impliqués dans l'affaire et plus particulièrement l'ancien P-DG. Déjà l'annonce du retrait du collectif de Sonatrach pour assurer la défense de ce dernier avait sonné cette nouvelle position du département de Chakib Khelil. Mais les propos du ministre, comme autant de répliques à ses désormais détracteurs qui ne s'arrêteront pas là, rappelant le poids de Sonatrach la nourricière, l'impact du secteur de l'énergie dans le développement du pays, il affirmera que “ce secteur a rapporté cette année 44 milliards de dollars ; l'Algérie a le plus grand taux de pénétration du gaz et d'électrification au monde. Grâce à ce secteur, nous avons rempli les besoins de notre pays pour le logement, les routes, etc. Nous avons créé des milliers d'emplois. L'Etat perçoit des redevances et des rentrées financières importantes grâce à nous.” Entre bilan, mise au point et mise en garde, déjà les lectures des déclarations du ministre n'ont pas laissé indifférents l'ensemble des observateurs et des cadres présents hier à Oran. Auparavant, le ministre de l'Energie n'avait pas hésité, une fois de plus, à s'en prendre facilement à la presse algérienne qui se ferait l'écho de ragots, selon lui, en faisant référence à l'annonce des marchés annulés depuis l'éclatement de l'affaire Sonatrach. “Les journalistes à l'étranger qui, eux, ont trois sources pour exercer leur métier me le disent, ils se basent sur ce qui se dit dans les journaux algériens.” Autre comportement pour le moins facile, cette propension en tant que ministre d'Etat de refuser de répondre à certaines questions comme celle de Liberté sur sa lecture quant aux tenants et aboutissants de cette affaire. Dérangé pour ne pas dire irrité plusieurs fois par l'interpellation de journalistes, comme sur les surcoûts des projets entrant dans le cadre des préparatifs du GNL-16, qui se tiendra à Oran du 18 au 21 avril 2010, le ministre de l'Energie dira encore une fois, là aussi, ne pas être au courant. Et pour savoir si ce scandale va fragiliser Sonatrach tant sur le plan international qu'interne, c'est cette fois le P-DG par intérim qui choisira d'intervenir en prenant la parole à la place du ministre. “Nous n'avons aucune perturbation dans le fonctionnement de la société, les capacités de commercialisation et des filiales. Rien de tout cela n'est perturbé.” Il faut savoir que la chambre d'accusation a confirmé, avant-hier, la mise sous contrôle judiciaire du P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, de son vice-président, Chawki Rahal, et de trois autres prévenus. Selon une décision du juge d'instruction, deux prévenus ont bénéficié de la levée du contrôle judiciaire en étant inculpés. Pour revenir à l'état d'avancement des travaux du CCO notamment, Chakib Khelil consentira à évoquer un léger retard, réaffirmant que tout sera près à la fin du mois, mais aussitôt il se dira incapable de donner une date sur l'inauguration officielle de ce complexe dédié à la tenue du GNL-16. L'indice de ce retard, qui a déjà été évoqué dans nos colonnes, s'est trouvé une fois de plus conforté dans l'annonce de l'annulation les 3 et 4 mars de la rencontre de l' AIG qui devait servir de test pour mesurer les performances techniques du CCO qui, rappelons-le, est pour l'heure évalué à 400 millions d'euros. À noter que par rapport au projet de Gassi Touil, le ministre dira que la France n'avait fait aucune demande jusqu'ici pour que celui-ci soit raccordé à la Corse comme souhaité récemment par le président français.