L'enthousiasme, qui animait la majeure partie des ouvriers du complexe sidérurgique d'El-Hadjar au lendemain de la prise en main de leur outil de travail par le partenaire indien, Ispat, a laissé peu à peu place à une profonde déception. Aujourd'hui, ils sont nombreux à dire que leur rêve de voir un jour leur usine tourner au mieux de ses capacités de production n'est pas près de se réaliser, du moins pas avec les méthodes de gestion en vigueur actuellement. Chefs d'atelier, contre-maîtres ou simples ouvriers, les travailleurs commencent à “briser” la véritable omerta que leur impose la toute-puissante section syndicale Ugta, qui bénéficierait, selon eux, d'avantages considérables en échange du maintien, vaille que vaille, de la paix sociale exigée par l'investisseur étranger. C'est justement d'investissements que même les moins avertis de la chose économique et financière parlent pour dénoncer la dilapidation du patrimoine, le pillage systématique des stocks des pièces de rechange et de matières premières disponibles au niveau du complexe. “Depuis qu'Ispat exploite les usines de l'ex-Sider, aucune pièce nouvelle n'y est entrée, pas un clou ! Ils ne font que se servir dans nos magasins, utilisent même des pièces que nous considérons comme non conformes !”, s'indigne un cadre formé en Italie et qui cumule vingt années de services dans la transformation. Tenté par une retraite proportionnelle “pour ne plus avoir à assister impuissant à une telle gabegie”, ce cadre en est à se demander si l'état algérien a un droit de regard sur ce qui se passe à l'intérieur du complexe. Pour lui, comme pour ceux que nous avons pu rencontrer, le partenaire n'a, en fin de compte, pas réglé les problèmes qui empêchaient les équipements de tourner normalement. Pis, les dirigeants d'Ispat se seraient permis des dépassements préjudiciables auxdits équipements, en injectant dans le processus de fabrication des matières premières hors normes, sous prétexte de recyclage. Procédés qui n'auraient jamais été admis du temps de Sider, parce que contraires aux pratiques dans l'industrie sidérurgique universelle. Le seul objectif à atteindre pour le partenaire serait, selon les travailleurs rencontrés, une production supérieure à 1 200 000 tonnes par an. Ouvriers et cadres, encore en poste après le scandale qui a secoué le complexe en 1998, se surprennent à regretter la gestion d'hier. “Au moins, en ce temps-là, les rôles étaient définis et on ne badinait pas avec les concepts technologiques”, déclare avec amertume un vieux travailleur. “Nous étions en désaccord avec la direction. Nous étions dos à dos avec des responsables algériens, mais, avec le temps, nous avons compris pourquoi ceux qui ont jeté les cadres en prison ont vanté les mérites des compressions de personnel et de la privatisation !” En attendant le jour du grand déballage, ceux qui ont décidé d'éclairer la presse et l'opinion publique, sans pour autant le faire à visage découvert, appellent à la méfiance quant aux déclarations tonitruantes du syndicat. Les interlocuteurs affirment, quant à eux, que les récentes difficultés que le complexe a rencontrées en matière d'énergie électrique étaient démesurément et volontairement grossies. Selon eux, le plan de délestage décidé par Sonelgaz aurait pu avoir une incidence moins fâcheuse sur les installations, si on avait pris l'initiative de dépanner et de mettre en marche les deux centrales de 25 mégawatts chacune. “Une opération qui aurait nécessité des dépenses !”, ironise l'un d'eux. A. A. Le prix du brent clôture la semaine à 30,02 dollars Le prix du brent a clôturé vendredi à 30,02 dollars, pour livraisons de septembre, contre 30,1 dollars à l'ouverture du marché, le même jour. Il avait terminé à 29,9 dollars, il y a une semaine. Le prix du panier-opep, composé de sept pétroles bruts dont le Sahara Blend Algerian, qui était coté à 29,07 dollars jeudi, contre 28,88 dollars mercredi (la cotation du vendredi n'a pas été encore publiée par l'agence de presse Opecna). Selon les analystes à Londres et à New York, ce redressement des cours est lié à trois évènements qui ont touché trois pays membres de l'Opep : l'explosion jeudi d'une voiture piégée devant l'ambassade de Jordanie à Bagdad, l'attentat meurtrier qui avait frappé l'Indonésie mardi dernier et les tensions politiques au Venezuela.