Cheikh Bouamrane, président du Haut-Conseil islamique, et Mgr Henri Teissier, ancien archevêque d'Alger, étaient hier les invités de l'émission “Eclairages” sur Radio Algérie Internationale. L'occasion a été donnée aux deux personnes de revenir sur les actes du colloque interreligieux qui s'est déroulé la semaine passée à Alger. Usant de son habituel langage diplomatique, Mgr Teissier a déploré la situation des chrétiens, particulièrement des catholiques qu'il a représentés en tant qu'archevêque d'Alger de 1988 à 2008. “Depuis trois ou quatre ans, nous rencontrons des difficultés que nous n'avions pas rencontrées dans le passé”, a-t-il déclaré en s'attardant sur le problème du visa que les autorités algériennes refuseraient à certains religieux chrétiens. Il donnera un exemple : “Dernièrement, sur un groupe de 20 personnes qui voulaient venir en Algérie pour se rendre à Tamanrasset, tous ont eu le visa sauf le prêtre et la religieuse.” Ce à quoi Cheikh Bouamrane a rétorqué en invoquant la “souveraineté de l'Etat algérien”, tout en rappelant à l'ex-archevêque que “nous aussi, nous souffrons pour avoir un visa” pour rejoindre l'Europe. Le président du Haut-Conseil islamique appuiera son intervention en précisant que “le problème de visa est un problème diplomatique, et il faut que les gens acceptent la loi du pays”. Des termes crus qui, semble-t-il, n'étaient pas destinés directement à Mgr Teissier, mais surtout au chef de l'Eglise catholique en Algérie, l'archevêque Ghaleb Bader. Ce dernier s'était distingué la semaine passée, lors du colloque interreligieux, par des déclarations qui ne sont pas passées inaperçues. Il avait, entre autres, demandé l'abrogation de la loi sur la réglementation du culte religieux en vigueur depuis 2006. D'ailleurs cette loi n'a pas été abordée “frontalement” par Mgr Teissier lors de cette émission, malgré l'insistance de l'animatrice à demander des “éclairages”. Le prédécesseur de Bader n'a pas seulement évoqué la question des visas. Il a posé d'autres “problèmes” que les catholiques subiraient en Algérie. “On nous confisque des livres religieux”, a-t-il dit, en notant que pour un religieux, il s'agissait de “sa propre nourriture spirituelle”. Il a été aussi question de “chiffres” avec Mgr Teissier. Selon lui, il y aurait “quelques dizaines de milliers de chrétiens en Algérie et quelques milliers d'étudiants africains chrétiens installés dans les villes universitaires”. Il sera plus précis sur le nombre des Egyptiens chrétiens. Selon lui, “ils étaient entre 7 000 et 8 000 installés en Algérie, et actuellement, ils sont entre 1 000 et 1 500”. En revenant sur les “excellentes” relations entre les chrétiens et l'Etat algérien auparavant, l'ex-archevêque n'omettra pas d'évoquer un cas, celui d'un ex-ministre algérien : “Smaïl Mahroug était chrétien, il était ministre des Finances à l'époque de Boumediene, et il n'y a pas eu de campagne à cette époque-là.”