Une foule impressionnante avait accompagné, samedi dernier, à sa dernière demeure, Mahieddine Ameur, le fils du peuple aimé, ancien directeur d'El Khabar et non moins brillant journaliste, parfait bilingue. Homme de cœur, pétri d'humanité et de valeurs intrinsèques dont témoignent tous ceux qui l'avaient approché, ami des pauvres, des humbles et des orphelins, il était connu pour ne jamais se dérober devant un service à rendre à quiconque le sollicitait. La population d'El-Affroun savait qu'elle avait en Mahieddine, un fils, un frère, un ami qui ne savait pas dire “non”, “un fils de famille qui gardait secrètes les bonnes actions qu'il accomplissait”. Dans sa famille, très tôt, en tant que fils aîné qu'il était, il avait pris de grandes responsabilités : bon fils dévoué et respectueux, bon frère, bon père et bon époux, il faisait face à tous ses devoirs avec le courage et la pondération qui le caractérisaient. Travailleur infatigable, repoussant toujours plus loin ses limites, consciencieux et appliqué, il était entier dans tout ce qu'il entreprenait. Abderrahmane Cherid, son ancien confrère du service publicité d'El Khabar, rencontré dans le cortège mortuaire, nous a déclaré, visiblement affecté par la disparition de son “frère Mahieddine” : “Il n'y en avait pas deux comme lui. Il avait de la sagesse, de la noblesse, de l'humanité, de la générosité et… une grande modestie.” “Il communiquait avec son personnel. Il est resté simple et à l'écoute de tout le monde”, nous dit, l'air pensif et triste, un quinquagénaire à bord d'un véhicule immatriculé 16. Son voisin, plus jeune, complète : “Khaddem (laborieux), hnin (gentil), intelligent et compétent. C'est une grande perte pour la presse !” Au moment de la levée du corps, les larmes aux yeux, une jeune journaliste nous confie : “Nous sommes orphelins de cet homme intègre, juste et bon qui nous a toujours témoignés du respect.” Mahieddine Ameur, l'homme pieux, humble, effacé, que les ponts d'or n'ont pas changé, altéré, celui qui faisait la fierté d'El-Affroun, est retourné reposer à Beni Djemaâ (hameau rattaché à El-Affroun) sur la terre de ses ancêtres, des hommes du cru aux qualités essentielles : le travail, l'argent gagné à la sueur du front, l'honnêteté, le respect de la parole donnée, la rigueur envers soi-même et un sens profond de l'honneur et la dignité. Autant de valeurs et bien d'autres que Mahieddine portait en lui, en silence et sans ostentation. Sous un ciel gris qui pesait de toute sa tristesse sur des hommes et des femmes accourus dès l'annonce de l'enterrement, il y avait, néanmoins, parmi la foule, une grande sérénité. Celle de l'homme qui, au terme d'une vie courte mais bien remplie, venait de partir sur la pointe des pieds. Comme il l'a toujours fait. Un grand homme — qui s'en cachait — nous a quittés samedi. Il nous manque déjà.