Le tribunal criminel de la Cour d'Alger examinera à nouveau, durant sa prochaine session qui débutera le 7 mars prochain, l'affaire du naufrage du navire Béchar, survenu en 2004. Le procès aura lieu, selon les avocats des accusés, le 11 mars prochain. La Cour suprême avait, rappelons-le, statué l'année dernière sur le pourvoi en cassation introduit par la défense et a rendu un arrêt renvoyant l'affaire devant le tribunal criminel. L'ex-P-DG de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) et quatre de ses collaborateurs ont été condamnés, en première instance, à des peines allant jusqu'à quinze ans de prison. Les membres du jury ont répondu à 300 questions posées par l'avocat général, pour conclure “à la responsabilité de la direction de la Cnan dans le naufrage du Béchar”. Le drame a eu lieu dans la nuit du 13 au 14 novembre 2004, soit la veille de l'Aïd, lors de laquelle le navire Béchar avait échoué sur les côtes algéroises. Les marins du navire Béchar sont morts pour avoir accepté de travailler sur un navire vétuste, démuni de moyens de propulsion au mouillage sur rade. Le bateau en question ne répondait à aucune norme de sécurité et se trouvait sur rade au port d'Alger en attente d'une décision soit de réparation, soit de désinvestissement. Qui a donc obligé les marins à embarquer sur cette épave flottante et pourquoi les secours ne sont pas arrivés à temps ? C'est à ces deux questions que le tribunal tentera une nouvelle fois de trouver une réponse sur un drame dont les responsabilités sont partagées entre la Cnan, le Port d'Alger et les services chargés de la sécurité et de la sauvegarde des vies humaines en mer, en l'occurrence la Marine nationale et le Service national des garde-côtes, mais aussi tous les navires présents dans la zone du sinistre. Il y a d'abord l'armateur qui a mis à la disposition du capitaine un navire qui n'était pas en état de navigabilité. Cela sous-entend une mise en péril de l'équipage et du bateau avec préméditation et une violation de l'article 479 du code maritime. Il y a également l'autorité qui a ordonné la sortie du navire sur rade sans certificat de sécurité et sans moyens de propulsion, celle qui a fait pression sur le commandant pour se rendre au mouillage et enfin tous ceux désignés par la réglementation pour assister tout navire en détresse ou en déperdition dans cette zone limitée. Le Béchar a été acquis en 1978, ce qui lui donne un âge de onze années de plus que la moyenne tolérée par l'administration maritime pour la délivrance d'un certificat d'algérianisation. Pour sa session ordinaire de 2010, le tribunal criminel examinera également 82 affaires liées au terrorisme, dont plusieurs concernant des activités de groupes terroristes activant à l'étranger. Il aura, en outre, à se pencher sur une quinzaine d'affaires relatives à la fraude fiscale, ainsi que sur des dossiers d'homicides volontaires, de stupéfiants, de rapts et de viols.