Les syndicats nationaux des praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique ont décidé de boycotter l'invitation du ministère de la santé et de la réforme hospitalière pour l'installation d'une commission mixte (ministère-syndicats) concernant le régime indemnitaire. Les syndicats jugent l'attitude de la tutelle de “kafkaïenne” car, selon eux, le ministère ne peut pas faire “abstraction” du mouvement de protestation qui dure depuis plus de 3 mois et entamer les négociations exclusivement consacrées au régime indemnitaire. “La tutelle a convié les praticiens spécialistes à une réunion mixte pour mercredi et les praticiens pour jeudi. L'objet de cette invitation : commencer les négociations autour du régime indemnitaire”, a précisé le Dr Yousfi, président du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), hier, lors d'un point de presse animé au siège du syndicat, à Hussein-Dey (Alger). Les syndicalistes conditionnent le retour à la table des négociations par la tenue, au préalable, de réunions de conciliation. “Le ministère nous invite à une réunion de travail sans passer par des réunions de conciliation. Il fait comme si de rien n'était”, a souligné le Dr Lyès Merabet, président du syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Pour les syndicalistes, il n'est pas question d'aller vers des réunions sans garantie et c'est pour cela que “nous voulons passer par des réunions de conciliation”. “La tutelle ne peut pas soustraire un point de notre plate-forme de revendications et le discuter séparément”, souligne M. Merabet. Les présidents des deux syndicats sont revenus sur l'initiative du ministère d'inviter les représentants des praticiens spécialistes de la santé publique à une réunion de conciliation jeudi dernier sans leurs “frères de combat”, les praticiens de la santé publique. “Le ministère de la santé essaye d'atomiser l'intersyndicale comme il le fait avec notre plate-forme de revendications”, a dénoncé le Dr Merabet. Par ailleurs, le président du SNPSP a affirmé que son syndicat est ouvert aux discussions. “Pour preuve, nous avons envoyé, le jeudi 18, une correspondance à la tutelle pour renouer le dialogue, mais on n'a reçu aucune réponse.” Pour sa part, le Dr Yousfi a indiqué que “les deux syndicats ne renoncent pas à leur mouvement de grève avant une sortie de crise pour les deux”. Parallèlement, les deux hommes ont dénoncé l'entrave de certains directeurs d'hôpitaux à la liberté syndicale. “Nous avons deux médecins à Beni Abbès qui ont été suspendus pour motif de participation à des sit-in. C'est malheureux de voir de tels comportements de la part de la tutelle”, a regretté le Dr Merabet. La rencontre était aussi l'occasion pour les deux syndicats de revenir sur le rassemblement de mercredi dernier devant le Palais du gouvernement. “Pour nous, le rassemblement de mercredi passé était une vraie réussite même si nous n'avons pas été reçus par le premier ministre ou quelqu'un de son cabinet, car ce n'était pas une fin en soi pour nous. Il y avait une chasse à la blouse blanche ce jour-là et malgré toutes les tentatives des services de sécurité, nous avons réussi à tenir notre rassemblement”, ont précisé les deux hommes. Les deux syndicats campent donc sur leurs positions et comptent toujours tenir un autre rassemblement, mais cette fois-ci ce sera devant la présidence de la République.