RéSUMé : Maya est dans une prison qui n'a ni barreau ni mur. Pour se libérer, elle doit se confier et elle n'a pas le courage de le faire. À sa sortie de prison, Hakim découvre qu'elle lui a menti. À ses yeux, il est temps qu'elle se libère… 28eme partie -On s'inscrit en même temps ? s'enquit Hakim. Maya hausse les épaules et sourit à travers ses larmes. - Comme tu veux, murmure-t-elle. Tu… Tu n'auras pas de problèmes ? - Non, la rassure Hakim. Ayoub s'est arrangé pour m'amener les cours, chaque vendredi. Je pourrais reprendre normalement ! Maya a baissé les yeux quand il a parlé d'Ayoub, il l'a remarqué. - Tu sais, il attend toujours, ajoute-t-il. C'est un garçon bien, je me demande pourquoi tu as pris cette décision ? Maya recule en lui répondant, avant d'aller s'enfermer dans sa chambre : - Je ne veux plus entendre parler de lui et… de l'autre… Sinon on ne s'entendra pas. Sinon tu ne m'entendras plus ! Hakim avait voulu la retenir, avoir plus d'explications, mais ses grands-parents le retiennent. En l'espace de dix minutes, ils le mettent au courant du mutisme de Maya, de son isolement. Hakim en était très angoissé. - Elle est plus choquée que je le pensais, leur dit-il. - C'est pourquoi, il faut y aller doucement, lui recommandent-ils. Et Hakim va doucement. Comme elle l'avait exigé, il ne lui parle plus de Ayoub. Elle reprend ses études et travaille avec acharnement, s'isolant et refusant même l'amitié de ses camarades. Hakim la laissa faire, souhaitant que le temps apaise sa colère et guérisse la blessure de son cœur. Les années passent. Maya a terminé ses études. Elle a loué un appartement à Béjaïa où elle s'est retirée. Toujours silencieuse, toujours belle malgré son allure effacée. Le temps n'aura pas pu la guérir, même les colères de Hakim ne parviennent pas à la secouer, à la ramener à la vie. Il aurait voulu autre chose que ce sourire désolé. Il ne s'est jamais fait au fait que sa sœur n'ait rien fait de sa vie. Il ne pouvait pas comprendre que l'âme de Maya a été broyée par l'ignominie de son oncle qui ne réapparaîtra plus au village. Maya traîne sa blessure comme une honte, comme un crime dont elle serait coupable. L'aveu l'aurait certainement libérée, lui aurait permis enfin de mener une vie normale. Mais craignant la réaction de sa famille, de la société dans laquelle ils évoluaient, elle s'est enfermée dans la prison du silence. Une prison qui n'a ni mur ni cellule, celle des tabous. Heureusement que la société a évolué. Mais combien ont-elles été à se taire par peur ? À s'être retirées de la vie ? À être condamnées à la solitude ? En cachant le sceau de l'infamie ? Combien sont-elles ? Combien de Maya a-t-il fallu pour que le tabou soit brisé ? Pour qu'elles soient prises en charge par des psychologues. Heureusement qu'ils sont là, à leur écoute, faisant tout pour briser le silence. C'est le seul qu'ils redoutent, autant que sa prison. FIN ADILA KATIA