RESUME : Leïla est heureuse de trouver son beau-frère à la maison. Maya n'apprécie pas et elle a l'intention d'avoir une discussion avec sa mère. Elle ne veut pas de lui chez eux. Elle part au lycée sans prendre de petit déjeuner… 8eme partie Leïla ne voyait aucun inconvénient à ce que son beau-frère Fateh vienne vivre avec eux. Ayant fait des études à l'université, il était moins complexe que les autres membres de la famille. Elle-même, elle n'aurait pu choisir meilleur tuteur. C'est pourquoi elle n'a pas caché sa joie au fond de son cœur à sa venue en le trouvant chez elle. C'est le seul qui ne posera pas de problèmes quand Maya sera amenée à aller à l'université. Etant une élève studieuse, elle promettait d'aller très loin dans ses études. Si le tuteur de sa famille aurait été remis à un autre que Fateh, que ce soit ses beaux-parents ou ses beaux-frères mariés, Leïla savait qu'ils leur mettraient beaucoup plus d'interdits que de permis dans leur quotidien. Ne tolérant pas la mixité, Maya serait contrainte à abandonner ses études et Leïla ne le supporterait pas. Leurs filles n'allaient pas à l'école sauf exception, bien rare d'ailleurs. Elles étaient très tôt préparées au mariage. Cet heureux évènement ne se réalisait qu'avec un marabout ou un arabe. Elles n'étaient jamais promises aux Kabyles. Une fois retirée de l'école, Maya n'aura plus aucune occasion de sortie. Elle sera contrainte à rester dans cette prison dorée, à attendre que le “mektoub” vienne la libérer. À savoir s'il viendra ? Leïla ne veut pas que sa fille connaisse la prison un jour. Du moins temps qu'elle serait sur ce bas monde. En ayant appris que son mari s'était marié avec une Turque, elle avait décidé de donner un nouveau cours à sa vie. Bien des choses allaient changer. Pour bien le mettre en tête de Rachid, elle avait demandé à Fateh de l'appeler pour lui faire savoir qu'elle attendait son appel. Rachid daigna appeler en début d'après-midi. Sans perdre de temps, elle lui fait part de ses intentions. - J'ai l'intention de reprendre l'enseignement, lui apprend-elle. Je voudrais que tu appelles ta famille pour leur dire que tu n'y vois aucun inconvénient. - Aucune femme marabout ne travaille ! s'écrie Rachid. Ma famille n'acceptera jamais ! - C'est à toi de la faire accepter, insiste Leïla. Tu sais que tu ne reviendras pas et que ce mariage dont tu rêvais depuis des années va maintenant te prendre tout ton temps et tout ton argent. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu créerais de faux problèmes en disant que tes parents refuseraient alors qu'ils n'attendent qu'un signe de toi ! Un mot de toi suffira à leur clouer le bec. Alors ? - Je ne vois pas l'utilité de te remettre au travail, rétorque Rachid qui dut se taire un moment, attendant que la friture passe, pour reprendre. Et même avec une famille en plus, il restera toujours assez d'argent pour vous ! - Rachid, mets le toi en tête, soupire Leïla. À partir de demain, je suis libre. Je ne manquerais de respect à personne, le rassure-t-elle. Mais je vais reprendre mon travail et je rendrais visite à qui je veux ! Inutile de protester et de jurer, j'ai eu ma part de souffrance ! Rachid ne trouve rien à redire. Il marmonne quelque chose d'inaudible entre ses dents avant de s'éclaircir la voix pour lui donner son accord. - Et comment feras-tu pour les enfants ? s'enquit-il. - Ils sont assez grands pour rentrer seuls à la maison, répond-elle. Depuis une année, ils le font seuls. Pourquoi changer ? - Ne t'avise plus à laisser Maya seule ! l'avertie-t-il. Je ne supporterais pas qu'il lui arrive quelque chose de fâcheux ! Je t'en tiendrais pour responsable ! - Inutile de crier, Rachid, elle est ma fille. Je suis là pour elle ! A. K. (À suivre)