L'homme grandit en reconnaissant ses erreurs. Même tard. Reconnaissons ce mérite tardif au secrétaire général du FLN, Ali Benflis. Il annule la protesta prévue le 14 août prochain à Alger et évite par là même un affrontement prévisible tant avec les forces de sécurité qu'avec les nervis que Saïd Bouteflika, Saïd Barkat et Yazid Zerhouni sont partis recruter à Aïn Defla et ailleurs au gré des descentes électorales du chef de l'état. Décision sage, sans doute. On aurait aimé que les dirigeants et les militants du FLN eussent fait preuve, hier, du même courage, du même enthousiasme et de la même pugnacité à défendre les marches initiées par les archs depuis le 14 juin 2001, du reste interdites et réprimées, qu'aujourd'hui à défendre leur droit à organiser une marche à Alger. En voulant braver le gouvernement Ouyahia sur une cause juste, le droit de manifester, le FLN s'est retrouvé tout seul, sans aucun soutien de la part des associations, des partis politiques et de la société civile. Qu'est-ce qui explique cette solitude autour d'un combat noble ? Qu'est-ce qui explique que le FLN est dépourvu du moindre élan de sympathie et de solidarité dans sa tentative de dénoncer la partialité et les méthodes antidémocratiques du gouvernement d'Ahmed Ouyahia ? Parce que, tout d'abord, son secrétaire général, passé désormais dans le rang de l'opposition, est celui-là même qui a ordonné, cautionné et organisé la répression contre le mouvement citoyen. Certes, Benflis n'endosse pas, à lui seul, la responsabilité du fiasco kabyle. Et il serait injuste du reste de lui faire porter le chapeau de cette débâcle. Mais on ne se lave pas aussi facilement des souillures qui collent aux hommes du système. Les faits sont têtus : Ali Benflis aura à porter le fardeau d'une gestion catastrophique de la crise du pays durant le mandat de Bouteflika. Et cette reculade doit, nécessairement, servir de leçon. Le combat démocratique et républicain se mène avec les forces saines de la nation. Il se mène aux côtés des partis républicains, aux côtés des associations qui militent pour les droits de l'Homme, aux côtés du mouvement citoyen de Kabylie qui revendique la justice dans son acceptation la plus large, il se mène aux côtés de ces millions de citoyens qui investissent les rues d'Algérie pour protester contre la malvie et la hogra. C'est cette leçon d'hygiène et de morale politiques que doit retenir le FLN et son secrétaire général, Ali Benflis. On ne peut s'asseoir avec les loups et les canailles, aujourd'hui, et dénoncer leurs pratiques demain. Ali Benflis vient d'en faire la preuve à ses dépens. F. A.