le secrétaire général a fait le choix de la sagesse et de la sauvegarde de l'intérêt supérieur de la nation, affirment de nombreux observateurs. Dans un long message adressé aux militants d'Alger, d'Oran et de Constantine, Ali Benflis recommande «de surseoir à la marche de protestation prévue le 14 août», jour de la tenue du congrès des dissidents du FLN. Une décision vraisemblablement mûrement réfléchie, mais que le secrétaire général du parti ne veut en aucun cas assimiler à une capitulation, puisqu'il tient à témoin l'opinion publique en expliquant son geste comme un acte patriotique. «L'histoire retiendra et le peuple algérien se souviendra qu'entre l'intérêt, par ailleurs légitime, de notre parti et les intérêts supérieurs de l'Algérie et de son peuple, nous avons fait le seul choix possible pour nous, celui qui s'inscrit dans la droite ligne de l'esprit patriotique qui anime notre parti depuis la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954», affirme-t-il dans son message, dans lequel, il qualifie le fameux congrès d'«un rassemblement, nouvel épisode d'un vain complot fomenté et diligenté contre le parti du FLN par certaines sphères de l'administration qui n'ont pu se résoudre à accepter le choix souverain consacrant l'autonomie de décision de notre parti». Ainsi, Ali Benflis s'en prend directement à l'administration et l'accuse d'avoir agi en «violation flagrante et délibérée des lois de la République». Dans cette attaque frontale, le secrétaire général du FLN se révolte contre «ces manipulations et cette utilisation abusive des biens publics à l'effet d'organiser des réunions illégales avec la participation de pseudo-militants et sous le couvert d'associations n'ayant aucun lien avec l'activité politique, ce qui constitue en soi une violation manifeste des dispositions de la loi». Et Ali Benflis de citer nommément l'Union médicale algérienne qui a été utilisée à Alger et à Oran «pour déstabiliser un parti devenu de surcroît (...) première force politique du pays». Saluant «le sens de l'engagement» des militants, Benflis leur demande néanmoins de s'abstenir «de tout acte qui pourrait, dans la situation actuelle, être exploité à des fins portant atteinte à l'ordre et à la sécurité publics, et qui irait à l'encontre des objectifs» du parti. En fait, Benflis entend éviter le piège dressé par le pouvoir qui veut le pousser à la faute, pour ensuite retourner la situation à l'avantage des dissidents du FLN soutenus par l'administration. En fait, le n°1 du FLN est catégorique: «Nous ne marchons pas le 14 août, mais la marche du parti du FLN pour l'avènement de la démocratie, du progrès et de la modernité continue et amorce un tournant décisif, que nous négocierons au mieux, en symbolisant aux yeux du peuple algérien l'espoir et l'espérance...». Aussi, est-on amené à penser que le bras de fer Benlis-Zerhouni n'est pas près de connaître son épilogue et le 14 août ne sera, en réalité, qu'un épisode de plus dans ce feuilleton politique qui n'en finit pas d'avoir des rebondissements. En optant pour la stratégie de la sagesse, en prenant à témoin l'opinion publique, le FLN s'inscrit dans un combat de longue haleine contre une administration plus que décidée à le museler. La rencontre du 14 août aura donc lieu et pourra donner une arme à Zerhouni pour récupérer le sigle. Reste à savoir si les dissidents arriveront à convaincre une base militante actuellement soudée autour de son secrétaire général. Il faut le croire, la prochaine rentrée sociale ne sera sans doute pas de tout repos pour une formation politique désormais en lutte sur deux terrains : préparer la présidentielle et arracher, coûte que coûte, son autonomie vis-à-vis d'un pouvoir qui ne semble pas avoir digéré la perte du premier parti du pays. En tout cas, Benflis annonce la couleur en affirmant dans sa lettre que le renoncement à la marche «n'entame en rien notre détermination à défendre les choix du parti avec fermeté, sans faiblesse ni renoncement». Enfin, Benflis a fait le choix de la sagesse et de la sauvegarde de l'intérêt supérieur de la nation, affirment de nombreux observateurs et, insistent-ils, c'est tout à son honneur.