Une lettre de rappel a été adressée au Premier ministre et une contre-expertise, menée par des gens expérimentés, livrera prochainement ses conclusions. Le projet minier de Tala Hamza à Béjaïa serait-il compromis ? Pour le président de l'APW de Béjaïa, Hamid Ferhat, il n'y a aucun doute à ce sujet. Il a eu à le marteler plusieurs fois, vendredi dernier, lors des débats qui ont suivi la conférence, animée conjointement avec le premier secrétaire du FFS, Karim Tabou, à la Maison de la culture de Béjaïa. Il informera l'assistance, nombreuse, qu'une lettre de rappel a été adressée au Premier ministre et qu'une contre-expertise, menée par des gens expérimentés, livrera prochainement ses conclusions. Il est vrai que les conférenciers se sont abstenus d'évoquer le sujet au cours de leur intervention, M. Tabou ayant estimé qu'il n'était pas expert en la matière. Mais comme le débat a été ouvert par le vice-président de l'association socioculturelle du village Oumlil Aït Dali, douar Aït Amrouyoub, le président de l'APW s'en est donné à cœur joie, d'autant que son contradicteur, Rachid Mansouri, l'avait désigné comme l'instigateur ayant fait échouer l'implantation de deux projets structurants : celui concernant la raffinerie ainsi que la cimenterie prévue à Toudja. Pour rappel, les membres de l'association avaient, dans leur déclaration, soutenu les promoteurs du projet minier et dénié le droit au P/APW de parler en leur nom (voir Liberté du 18 février 2010).Bien que le P/APW ait tenu à dire que ce qui fait courir M. Mansouri, ce sont les indemnisations en sa qualité de propriétaire terrien, c'est Karim Tabou qui répond en premier au militant associatif, histoire de recadrer le débat. Comme si l'orateur ne s'adressait pas au public présent mais à un autre auditoire. Bien qu'il ne soit pas spécialiste, le premier secrétaire du FFS ne semble pas ignorer que des textes de loi aujourd'hui réactivés ont permis de mettre au pas des multinationales coupables d'avoir laissé leurs filiales “polluer une rivière, tuer une population”, réaliser, en douce, dans le cas des firmes pharmaceutiques, “des essais médicamentaux sur les populations d'Afrique”. Visiblement, il a eu à lire le réquisitoire de William Bourdon ou, du moins, les bonnes feuilles de “Face aux crimes du marché. Quelles armes juridiques pour les citoyens ?” (La Découverte, 2009). De son côté, le président de l'APW n'a pas manqué de prendre à témoin l'assistance. Ainsi, sa “croisade” contre les promoteurs du projet minier de Tala Hamza, les dirigeants de la WMZ, la société privée de droit algérien, la compagnie australienne, Terramin, le ministère de l'Energie et des Mines, a été menée au nom de l'institution qu'il préside, toutes tendances confondues. Et ses interrogations étaient partagées par tous les membres : sur les parts sociales avec lesquelles on a gratifié la compagnie australienne, Terramin, et sur les difficultés rencontrées par la WMZ à souscrire une assurance. Selon lui, “aucun assureur ne peut accepter de se lancer dans un projet aussi risqué”. Car, aujourd'hui, a-t-il déclaré en aparté, “les victimes de la déforestation ou de l'extraction pétrolière ou minière peuvent désormais saisir la justice”.