Les opérations menées par le Mossad, le service de renseignements israélien, doivent obtenir l'aval du seul Premier ministre, a indiqué, hier, le ministre de l'Industrie, Binyamin Ben Eliezer, ancien titulaire du portefeuille de la Défense. “Tout dépend du Premier ministre. Il n'est pas obligé de rendre compte au gouvernement lorsque le chef du Mossad obtient l'autorisation d'agir. Le chef du gouvernement peut, s'il le veut, informer le ministre de la Défense, mais ce n'est pas une obligation”, a affirmé Ben Eliezer à la radio militaire. Interrogé sur le point de savoir s'il avait été lui-même informé d'opérations du Mossad avant leur exécution lorsqu'il était ministre de la Défense (2001-2002), Ben Eliezer a précisé qu'Ariel Sharon, à l'époque chef du gouvernement, “m'a associé à tout” sans donner d'autres précisions. Ben Eliezer a par ailleurs maintenu le flou sur la responsabilité du Mossad dans le meurtre le mois dernier dans un hôtel de Dubaï d'un cadre du Hamas, Mahmoud Al-Mabhouh. “Je ne sais pas si c'est nous, mais l'important pour moi c'est le résultat”, s'est-il borné à dire. “Je ne crains pas les répercutions internationales. Personne ne s'attendait à ce que le monde réagisse calmement à un évènement aussi dramatique (...) C'est pourquoi il faut aller de l'avant, dans six mois plus personne n'en parlera, tout ira bien”, a ajouté Ben Eliezer. Le chef de la police de Dubaï, Dhahi Khalfan, s'est dit jeudi “certain à 99%, sinon à 100% que le Mossad est derrière l'assassinat” pour lequel onze personnes détentrices de passeports européens sont recherchées. De leur côté, les médias israéliens ont laissé clairement entendre ces derniers jours que le Mossad était bien responsable de l'élimination d'Al-Mabhouh, un chef du bras armé du Hamas, impliqué dans le meurtre de deux soldats israéliens et considéré par Israël comme un maillon essentiel de la contrebande d'armes iraniennes à destination de la bande de Gaza. Londres, Dublin, Paris et Berlin ont demandé des explications aux ambassadeurs d'Israël dans ces capitales sur les passeports de leurs pays, apparemment faux, dont étaient porteurs les membres présumés du commando. Au cours de l'interview, Ben Eliezer a révélé avoir utilisé dans le passé au moins une fois un faux passeport alors qu'il était colonel de l'armée. “C'est arrivé lorsque j'ai été envoyé au nom du ministère de la Défense rencontrer (le chef chrétien libanais) Bachir Gemayel à Beyrouth à la fin de 1975. Je me suis rendu complètement déguisé à Beyrouth, alors que j'étais colonel. On m'a amené à proximité des côtes libanaises et Danny Chamoun (fils de l'ex-président libanais Camille Chamoun) est venu me chercher pour m'amener voir Béchir Gemayel”, a raconté l'ex-ministre de la Défense.