Pomme de discorde entre le conseil syndical et la direction générale d'ArcelorMittal, la réhabilitation de la cokerie a été à l'origine d'une grève qui a paralysé le complexe du 12 au 20 janvier dernier. Pour rappel, l'incident survenu à la cokerie en juin 2009 a forcé ArcelorMittal à fermer, en octobre dernier, cette installation névralgique qui produit de la coke nécessaire aux hauts fourneaux et a désigné un groupe d'experts pour l'expertiser. La direction générale avait insisté sur les risques majeurs d'explosion de la cokerie et ses conséquences dramatiques sur la population. Les responsables du complexe ont avancé la nécessité de rénover toute l'unité dont les travaux nécessiteront une année et une enveloppe de 20 millions d'euros. Mais au lieu d'engager les investissements nécessaires à la réhabilitation de la cokerie, la direction a préféré la fermer et compromettre l'avenir de 320 travailleurs. L'enjeu de la grève de janvier était donc d'arracher le financement tant souhaité et exigé par les 7 200 salariés du complexe. Pour eux, leur avenir était lié à la rénovation de la cokerie et la préservation de l'emploi des 320 ouvriers de cet atelier. Ce que refusait la direction du complexe qui n'admettait pas la prise en charge des travaux qui coûteraient 40 millions de dollars. Elle considérait que les travaux n'étaient pas vitaux pour le fonctionnement de l'usine. La direction du complexe avait prévu un plan d'investissement global de 200 millions de dollars pour l'amélioration du site, excluant la rénovation de la cokerie, jugée trop coûteuse. Le bras de fer, qui a duré 9 jours, a finalement basculé en faveur des travailleurs. En effet, le conseil d'administration de l'entreprise a entériné, suite au débrayage, un plan global d'investissement (2010-2014) pour toutes les installations du complexe, y compris la rénovation de sa cokerie. Il faut dire que durant la grève, l'entreprise perdait quotidiennement la production de 3 000 tonnes d'acier. Cependant, il aura fallu que Sider, partenaire algérien d'ArcelorMittal, accepte de mettre la main à la poche pour arriver à ce dénouement. Le groupe public s'est engagé à financer à hauteur de 30% les travaux de rénovation des installations du complexe. Fort de ces milliers de travailleurs, le conseil syndical d'El-Hadjar est une machine revendicative. Les conflits du travail au niveau du complexe ont souvent débouché sur des grèves. Celle de janvier dernier n'était donc pas la première. L'on se souvient de l'été 2007 où La machine syndicale s'est mise en branle pour contrer la décision du groupe de supprimer 1 200 postes de travail. La direction générale du groupe à Londres avait ordonné à la direction générale de sa filiale d'Annaba d'entamer des négociations. Elle avait même dépêché sur Annaba le second personnage du groupe pour superviser les négociations. En juillet 2009, les travailleurs du complexe ont eu recours aussi à la grève pour faire aboutir les négociations entamées autour de leurs revendications. Le syndicat d'entreprise avait présenté une plate-forme de 11 revendications au nombre desquelles une augmentation de salaires. ArcelorMittal a-t-il respecté ses engagements ? Plus de huit ans après son acquisition du complexe d'El-Hadjar, ArcelorMittal n'est jamais arrivé à produire les deux millions de tonnes d'acier prévus par an. Pis encore, la production a chuté d'un million de tonnes par an à 700 000 tonnes. Les multitudes d'accidents survenus depuis la prise en main du complexe par le numéro 1 mondial de l'acier ont entravé considérablement les espérances d'augmenter la production du complexe. L'usine n'a à aucun moment dépassé réellement 1,2 million de tonnes de produits sidérurgiques. Elle a toujours souffert de la vétusté de ses équipements qui datent des années soixante-dix. Selon le syndicat, les principales raisons de la baisse de la production sont les incidents techniques majeurs survenus ces dernières années, mais aussi la faiblesse du volume des investissements.