L'Espagne a fini par abdiquer devant les exigences d'Al-Qaïda et devrait payer cinq millions d'euros pour la libération de ses trois otages retenus depuis près de trois mois, selon le quotidien El Mundo. L'information avait déjà été publiée, il y a dix jours. Le fait de la reproduire par le journal espagnol lui donne plus de crédit, même si le porte-parole de la diplomatie espagnole, Miguel, persiste à affirmer que “son pays n'a aucune information officiellement”. Selon le quotidien espagnol, les cinq millions d'euros seraient acheminés par l'intermédiaire d'un chef touareg, un certain Yyad Ag Ghali. Le journal s'appuie également sur les assurances du président malien, Amadou Toumani Touré, qui aurait promis “de bonnes nouvelles” pour les six Européens retenus en otages au nord du Mali. Al-Qaïda retient actuellement six Européens, dont les trois humanitaires espagnols, deux Italiens et un Français. Al-Qaïda avait revendiqué notamment la libération de quatre de ses éléments emprisonnés au Mali. Ce fut chose faite depuis jeudi dernier où la justice malienne les a condamnés à des peines qu'ils avaient déjà purgées. Une belle parade judiciaire pour répondre aux pressions exercées par les Français, notamment en vue d'obtenir la libération de leur otage. Le gouvernement espagnol, en acceptant de payer la rançon à Al-Qaïda, vient de faire preuve d'un égoïsme et d'une hypocrisie impardonnable. Sauver la vie de trois de ses concitoyens pour, ensuite, mettre en danger la vie de centaines d'autres citoyens de pays comme l'Algérie, l'équation ne semble pas inquiéter outre mesure Madrid, malgré l'adoption récente, par le conseil de sécurité de l'ONU, de la résolution interdisant le paiement de rançons aux groupes terroristes. Le gouvernement espagnol, en acceptant le diktat des terroristes, ne fait qu'encourager ces derniers qui ne kidnappent, d'ailleurs, que les citoyens dont les pays sont prêts à payer. Ce même gouvernement ne se gêne pourtant pas à donner des leçons en matière de droits de l'homme et de lutte antiterroriste. Cette façon de faire est d'autant plus condamnable que lorsqu'il s'agit de la sécurité intérieure de l'Espagne, ou d'un autre pays occidental, on ne se gêne pas à mettre les citoyens d'un pays tiers dans une liste noire. D'une part, on finance le terrorisme en Algérie, et de l'autre, on désigne l'Algérie comme étant un pays à risques. Drôle de logique, qui n'est malheureusement pas propre aux Espagnols, mais à tous les pays occidentaux qui jouent à ce jeu. On croyait que les événements du 11 septembre allaient changer l'attitude des Occidentaux qui étaient, jusque-là, peu regardants sur les bases arrière des groupes terroristes confortablement installés chez eux, tant qu'ils ne constituaient pas une menace sur leur sécurité intérieure, mais force est de constater que, si dans la forme, quelques changements ont été opérés, dans le fond, les Occidentaux restent fidèles à leurs vieilles habitudes.