Effectuant une vaste tournée diplomatique tous azimuts à travers le monde, le président palestinien est à Paris avant de se rendre au Japon, la Corée du Sud, puis en Inde, au Pakistan, au Qatar et à Oman. Mahmoud Abbas tente de faire avancer la cause palestinienne, prisonnière de l'intransigeance israélienne, comme à l'accoutumée, et de la forfaiture du président américain qui a cédé devant les lobbys juifs alors qu'il s'était publiquement engagé à faire entendre raison aux Israéliens. Abbas n'a jusqu'ici obtenu aucun acte tangible de la part des pays où il a séjourné alors que la stratégie de Netanyahu a, à en croire les responsables des dits pays, de quoi “dérouter”. Non seulement Israël ne lâche pas d'un pouce sa stratégie, mais, plus est encore, Netanyahu piaffe d'impatience pour jouer le rôle de grand gendarme dans la région. Les atermoiements de la politique de Barack Obama lui ont ouvert la porte. Au point que les pays d'Europe du Nord, traditionnellement en faveur des Palestiniens, marquent à leur tour de la frilosité. Interrogés par des Palestiniens sur l'éventualité de proclamer de façon unilatérale leur Etat, la diplomatie suédoise, qui présidait l'UE, a refusé d'accéder à cette demande. Le ministre suédois des AE avait même déclaré aimer être en mesure de reconnaître un Etat palestinien, mais il faudrait d'abord qu'il y en ait un, soulignant que c'est quelque peu prématuré. C'est ce qu'a dit son homologue français la veille de l'arrivée d'Abbas à Paris. De quoi réjouir Tel-Aviv qui use de stratagème pour faire diversion en relançant l'idée d'une paix séparée avec les Syriens ou en menaçant l'Iran d'une frappe sur ses installations nucléaires ou encore en avertissant le Liban. Tandis que le président de l'Autorité palestinienne sollicite de ses hôtes le soutien pour les discussions avec Israël afin de parvenir à un accord sur les frontières palestiniennes, la droite xénophobe israélienne marque des points dans l'abandon progressif du principe de “deux Etats pour deux peuples”. L'absence de négociations les conforte dans leur vision du Grand Israël. Les interlocuteurs d'Abbas n'ont à la bouche que “la sécurité d'Israël”, manière de faire comprendre qu'il a intérêt à négocier “sans conditions”. Mahmoud Abbas s'en remet à l'Europe et à l'Asie, parce qu'il semble désenchanté par les résultats médiocres enregistrés par Obama après une année diplomatique évanescente. Hamas qui tient Gaza a commenté qu'il s'est trouvé enfermé dans “ses illusions” après avoir cru aux espoirs qu'avait générés l'arrivée d'un nouveau locataire à la Maison-Blanche. Abbas a, en effet, fini par constater que le président américain était revenu aux fondamentaux, c'est-à-dire au soutien inconditionnel des Israéliens, que celui-ci ne fera rien pour imposer le gel total des implantations de Cisjordanie. Les Américains n'abandonneront jamais leurs alliés juifs. Alors qui pourra mettre au pied du mur les Israéliens ? Certainement pas les Européens ni les Asiatiques. Une troisième Intifada ? Peu probable pour le moment, car la situation économique s'est complètement améliorée avec un taux de croissance de 8% en Cisjordanie. Le chômage a baissé. Cette situation de ni guerre ni paix permet à L'Autorité palestinienne de recevoir des subsides, des taxes de la part du Trésor israélien, des projets européens comme la création d'usines électriques palestiniennes pour tendre vers une indépendance énergique vis-à-vis de leur voisin, une zone industrielle au sud de Bethlehem devant attirer de nouvelles entreprises et de nouveaux capitaux pour créer de nouveaux emplois, des aides alimentaires et sanitaires… Gaza, quant à elle, se noie dans les histoires de Hamas. Pour ce qui est des pays arabes, Mahmoud Abbas ne se fait pas d'illusions. Les modérés comme l'Egypte, l'Arabie saoudite ou la Jordanie sont devenus complètement hors jeu et ne peuvent plus tenir le rôle d'intermédiaires américains, ils ne sont plus en état de peser sur les décisions régionales. Le prochain sommet arabe sera accaparé par les questions de la réforme de la Ligue arabe. Des querelles en perspective.