Le journaliste et universitaire Ammar Belhimer vient de publier des recueils juridiques retraçant tout le processus de réconciliation nationale. Publiés par la Fondation Friedrich-Ebert, ces deux recueils décortiquent tout le processus mené par l'Etat algérien, en vue de parvenir à la forme actuelle de la prise en charge juridique d'une décision politique : la réconciliation nationale. Le premier recueil, intitulé la politique de réconciliation, est une compilation de textes de loi et un rappel de toutes les étapes juridiques et politiques du processus, à commencer par la loi de la rahma de 1995 en passant par celle de la concorde civile de 1999. L'universitaire évoque, par la suite, les questions pendantes, à commencer par la particularité du processus algérien qui, contrairement à d'autres processus similaires, en Afrique du Sud, au Maroc et dans certains pays d'Amérique latine, n'a pas institué une commission indépendante chargée d'établir la vérité et de rendre justice, notamment pour le cas des disparus. Le sort des enfants de terroristes, celui des Patriotes sont également évoqués par l'universitaire qui met le doigt sur des bombes à retardement. L'auteur finit son analyse par se poser la lancinante question : “Une paix sans dialogue est-elle possible ?” Le second recueil traite des “conditions cadres et éléments constitutifs pour une réconciliation réussie”. C'est une étude comparative de l'expérience algérienne. L'analyse traite des expériences vécues par des pays comme l'Espagne, le Chili, l'Allemagne, l'Afrique du sud, la Bosnie Herzégovine et le Rwanda. Toutes ces expériences ont ceci de commun : elles ont succédé à des époques de régimes totalitaires. L'universitaire, à la lumière de la justice universelle qui se met en place en matière de traitement de ce genre de situations, décortique le dispositif juridique algérien de réconciliation, en commençant par cerner “la tragédie nationale”, ses acteurs et son bilan, avant d'aborder le dispositif de réconciliation et le volet relatif aux réparations ainsi que les organes mis en place pour prendre en charge ces réparations. Pour conclure, l'universitaire insistera sur le travail de mémoire qui reste à faire. Il estime que l'amnistie décidée par l'Etat constitue un “agent neutralisateur”. Il évoquera également la transition inachevée et s'interrogera sur l'avenir de l'islam politique.