Au-delà des luttes pour la sauvegarde de ses sphères d'influence, la France qui a changé de visage et donc d'objectifs déterre ses vieilles rancœurs, revisite son passé peu glorieux pour en faire un outil de propagande, voire de fierté. La brouille persistera pour longtemps encore entre Alger et Paris. Après le “il faut” de Mitterrand qui a voulu imposer une certaine idée d'une Algérie islamiste, relayée par l'un de ses petits élèves devenu grand, près de vingt ans plus tard, qui ne demande ni plus ni moins au président Bouteflika et à tous ses compagnons d'armes de quitter le pouvoir pour normaliser les relations algéro-françaises, il faut vraiment dire que l'on est arrivé à un point de blocage où il sera difficile de dénouer le nœud. On sait, en revanche, que les relations bilatérales ont toujours évolué en dents de scie. Il est tout à fait normal que 132 ans de colonisation ne peuvent s'effacer d'un trait de plume inscrit sur des accords ou des traités. Près de cinquante ans après l'Indépendance, les partisans “d'une Algérie française” sont plus forts que jamais. Au-delà des luttes pour la sauvegarde de ses sphères d'influence, la France, qui a changé de visage et donc d'objectifs, déterre ses vieilles rancœurs, revisite son passé peu glorieux pour en faire un outil de propagande, voire de fierté. Le débat sur les bienfaits de la colonisation, enclenché par la droite et partagé par la gauche et la majorité d'une classe politique qui ne sait plus quoi offrir à son électorat, prend aujourd'hui des dimensions importantes pour déboucher sur l'identité nationale. Jamais la France n'a eu à s'interroger sur ses propres principes qui ont fait d'elle, jusqu'à un passé récent, une certaine référence mondiale. Mais aujourd'hui, ce même débat prend des proportions qui dépassent les luttes internes d'autant que la présidentielle de 2012 pointe à l'horizon et il serait tout à fait normal que Sarkozy puisse tenter de continuer de jouer sur les arguments qui l'ont fait élire à la présidence de la République. Ce débat donne lieu sur une sorte d'ingérence dans les affaires algériennes, ce qui est de nature à plomber davantage des tentatives d'ici et de là-bas de régler au fur et à mesure les contentieux existants. Et force est de constater qu'à chaque fois qu'un problème est réglé, un autre plus délicat et plus complexe surgit. Histoire, immigration et voilà maintenant la liste noire. La France de Sarkozy porte une grande responsabilité dans ce froid glacial qui caractérise les relations algéro-françaises. Car à force de vouloir plaire à ses lobbies, il risque de compromettre beaucoup de choses surtout qu'Alger lui a déroulé le tapis rouge lors de sa visite officielle en décembre 2007.