Le système n'est pas adapté aux besoins du pays. Ouyahia, redevenu Chef du gouvernement, vante de nouveau le dispositif Ansej, en matière d'emploi de jeunes, en vogue au cours des trois années de son mandat. Aujourd'hui, ce système est réaménagé en vue de faciliter l'accès à un plus grand nombre de personnes et d'élargir le champ des opportunités offertes aux sans emploi. Tant mieux. Mais il ne faut pas oublier les limites actuelles du dispositif Ansej. Quitte à emprunter des voies contraires au narcissisme ambiant sur le sujet, il convient de rappeler que la création de la microentreprise formule Ansej s'est concentrée dans les transports. Si ces dernières ont atténué les difficultés de déplacement des populations, elles auront engendré l'anarchie dans le secteur, faute d'un contrôle et d'un cahier des charges strict. Dans les grandes agglomérations, on a créé un fâcheux précédent. On pouvait créer une entreprise, rappelons-le, avec un seul fourgon. Alors qu'une ville comme Alger par exemple, a besoin, disent les avis autorisés, de sociétés solides, avec des moyens de transport beaucoup plus importants. On ne s'explique pas également pourquoi la Snvi n'a pas été suffisamment mise à contribution, au moins, en partie dans la fourniture des microbus. L'Ansej a également octroyé son feu vert à des projets, dans des créneaux saturés, tels que certains segments de l'agroalimentaire. En bref, le dispositif n'était pas adapté aux besoins du pays. Le système ne s'est pas suffisamment redéployé vers la population diplômée en chômage, pour créer de nouveaux services ou pour faire face aux énormes besoins de maintenance. Il fallait, en appui à cette diversification, coller au plus près de la demande, une sorte de pépinière d'entreprises ou d'aide à la création d'entreprises, pour éviter cette concentration de microentreprises dans des secteurs restreints. Les limites du dispositif Ansej font aussi qu'on ne retrouve pas un grand nombre de jeunes promoteurs sous cette formule en matière d'assainissement, de lutte contre les différentes pollutions, alors que l'Algérie fait face à une dégradation continue des conditions de vie des populations. Il faut donc voir, dans toutes ces raisons, les difficultés de nombreux jeunes créateurs de microentreprises à rembourser les crédits. Enfin, si le dispositif Ansej a permis à des dizaines de milliers de jeunes de trouver un emploi, il convient de noter que la formule n'est surtout pas une réelle solution au chômage dans le pays. Cela ne veut pas dire qu'elle n'est pas à encourager, si elle s'adapte aux besoins et si elle pérennise la société créée. La vraie solution au chômage, c'est la poursuite paradoxalement des réformes structurelles, la réelle promotion de l'investissement local et étranger hors hydrocarbures, la petite et moyenne entreprise, ainsi que la suppression de toutes les entraves à l'initiative privée. N. R.