Une personne à qui on a assassiné un être très cher, ou qui a subi des traumatismes, qui a vécu un drame a des besoins de justice, de reconnaissance officielle du fait qu'elle est victime de l'intégrisme religieux. Elle a besoin d'une aide sociale, car tout bêtement, elle a dû perdre son travail, ou ne peut plus s'occuper de sa famille. Peut-être au niveau de la vie sociale, ne peut-elle pas être toujours disponible, dynamique. Sur le plan de la justice, la victime a besoin de savoir qui a commis le crime ? Qui a été responsable de la situation qui a fait basculer sa vie ? Il faut lui apporter une aide psychologique et la libérer de son traumatisme. Il faut lui apporter une aide morale et sociale. Il faut lui apporter une aide financière. Il faut lui faciliter la tâche dans tous les domaines afin de recommencer une autre vie. Malheureusement, ça n'a pas été le cas. L'Etat nous a abandonnés. Nous sommes livrés à nous-mêmes. L'Etat a failli à son devoir qui est celui de nous protéger, de nous rendre justice, et également de nous prendre en charge pour préjudices subis suite à l'assassinat de nos parents par l'intégrisme religieux. L'Etat a préféré plutôt prendre en charge ceux-là mêmes qui ont mis le pays à feu et à sang. Ce terrorisme aveugle qui a fait de nous des démunis au seuil de la mendicité, alors que notre situation sociale et professionnelle avant ce drame qui nous a frappés de plein fouet était des plus appréciables, si ce n'était ces monstres sanguinaires assassins qui nous ont brisés à jamais, et qui se retrouvent aujourd'hui aux premières loges avec toutes les faveurs et commodités, et autres récompenses pour service rendu. Voilà tout le désastre de la charte ou l'amalgame entre les victimes et leurs assassins. Une tragédie nationale pour enfanter un panier à crabes où personne ne saura qui-est-qui, et qui a tué qui ? (*) Père de Katia, lycéenne, âgée de 17 ans, assassinée à Meftah le 28 février 1994 pour avoir refusé de porter le voile contre sa volonté.