Somoud et SOS Disparus relèvent un traitement “calculé” de cette question des disparus. La décision du président de la République de mettre en place un “mécanisme ad hoc” pour la prise en charge de la question des disparus a tout de suite donné lieu à des réactions des associations des familles des victimes. Somoud (Résistance) et SOS Disparus soulignent l'insuffisance de cette mesure et dénoncent l'“exploitation” de cette question. “À défaut de respect de (ces) critères, le mécanisme annoncé la semaine dernière revient à une simple répétition de l'action de l'ONDH (Office national des droits de l'homme, que dirigeait Abderrazak Bara) et de la Cncppdh (Commission nationale de promotion des droits de l'homme, présidée par Farouk Ksentini)”, écrit SOS Disparus dans un communiqué rendu public hier. Cette association semble douter de l'efficacité, voire de l'opportunité du “mécanisme ad hoc”, car elle rappelle avoir adressé, en novembre dernier, un mémorandum à M. Abdelaziz Bouteflika, demandant, notamment, l'institution d'un “processus contradictoire et individualisé” devant aboutir à l'“établissement de la vérité sur les disparitions forcées en Algérie”. Ces doléances n'ont pas été prises en considération. Seul motif de satisfaction pour SOS Disparus : la “reconnaissance implicite de l'incapacité de l'ONDH, puis de la Cncppdh de répondre sérieusement aux revendications de vérité et de justice exprimées depuis des années par les familles des disparus”. Cette franche méfiance à l'égard de l'ONDH et de la Cncppdh s'accompagne d'une nette confiance en la LADDH (Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme), présidée par Abdennour Ali Yahia. Celui-ci, signataire du contrat de Sant'Egidio, à Rome, en janvier 1995, a toujours défendu l'idée de l'implication des forces de sécurité algériennes dans les enlèvements, les disparitions et les assassinats terroristes. Reste que SOS Disparus revendique toujours la possibilité pour l'ensemble des familles des victimes de “soumettre leur cas en présence de leurs témoins et d'un avocat de leur choix”. De son côté, Somoud regrette que ses attentes soient restées vaines “à cause de la manière d'application de la loi sur la concorde civile qui a fait de criminels des braves de la décennie noire”. Cette politique a “échoué car le terrorisme est encore là et tue quotidiennement des personnes innocentes…”. Le communiqué de la présidence, estime-t-on, est flou. Somoud souhaite l'installation d'une commission spéciale qui définisse les catégories de disparus, leur recensement et l'adoption des deux techniques d'identification des ossements, ainsi que la sollicitation de chercheurs scientifiques. L. B.