L'ONG rendra publiques ses conclusions le 25 mai courant. L'organisation de défense des droits de l'homme qui séjourne en Algérie depuis vendredi passé suscite déjà la polémique. La délégation de cette institution a commencé à prendre langue avec les associations des familles des victimes du terrorisme et celle des disparus à l'image de Mme Fatma Yous présidente de SOS Disparus, que nous avons contactée et qui nous a confirmé qu' une réunion a regroupé les membres de son association avec ceux de l'ONG : «Nous leur avons fait état de nos préoccupations et de nos doléances. Nous devrons les rencontrer prochainement pour débattre plus amplement de la situation des droits de l'homme et surtout de la question qui nous concerne en premier lieu s'agissant des disparitions forcées». Revenant sur le rapport de Ksentini qui traite de la question, elle s'est offusquée de l'attitude de ce dernier, estimant que «le recours à la justice est essentiel pour rétablir la vérité sur le sort des disparus». Se positionnant contre concernant l'amnistie générale, elle considère que le président «veut noyer cette question dans ce projet pour que les auteurs des enlèvements s'en sortent à bon compte. C'est à nous les familles que revient le droit de pardonner ou pas, mais d'abord nous voulons que justice soit faite», a-t-elle martelé. De son côté, Ali M'rabet qui nous a affirmé avoir été contacté par les deux membres d'Amnesty International, nous a confié qu' il va avoir une entrevue avec les deux représentants de cette ONG pour débattre de la question des disparus que son association Somoud défend bec et ongles. Il a rappelé la position de son entité qui est contre l'amnistie générale telle que présentée par le chef de l'Etat. Tout comme Mme Yous , il estime que le rapport de Ksentini doit être rendu public. Il n'a pas hésité, lors de la conférence de presse qu'il a animée l'avant-veille, à charger le président de la Commission nationale de la promotion et de la protection des droits de l'Homme (Cnppdh) qu'il accuse d'avoir exclu de son rapport les personnes enlevées par les terroristes. Me Farouk Ksentini en réponse à ses accusations a jugé les propos du président de Somoud «inopportuns et ne se basant sur aucune logique». «Nous avons reçu l'année passée Ali M'rabet accompagné d'un repenti, nous a-t-il confié. Il nous a demandé d' utiliser le procédé de l'ADN dans l'identification des dépouilles. Chose que nous avons accepté de faire. Nous sommes descendus sur le terrain et c'était le repenti venu avec lui qui devait nous indiquer l'endroit du charnier. Finalement nous avons tourné en rond sans trouver la trace du charnier. Le repenti s'est planté, il ne se souvenait plus où les cadavres étaient enterrés». Et d'ajouter: «Le président de Somoud, nous a déclaré que, le nombre des disparus du fait des groupes terroristes s'élevait à 10.000. Nous lui avons demandé de nous les transmettre. Chose qu'il n'a pas faite, après il s'est ravisé pour ne parler finalement que de 313. Il ne nous les a pas transmis non plus. Il veut brouiller les pistes et grossir les dossiers des disparus pour arriver au nombre de 18.000. On ne peut pas prendre au sérieux ces incohérences, en plus, il nous demande de lui rendre des comptes sur les circonstances de leurs assassinats, c'est une aberration l'Etat n'est pas témoin». En sortant de ses gonds , notre interlocuteur a été catégorique: «C'est une guerre civile que nous avons vécue d'une terrible férocité. Il faut se mettre à l'évidence, les personnes disparues sont mortes. Quant au recours à la justice, cela prendra des années et risquera de traîner en longueur. Disons-le franchement, il est impossible d'établir la vérité, il faut un siècle pour ce faire, et encore!», a conclu l'avocat. Concernant le programme d'Amnesty International, l'un de ses représentants que nous avons contactés, tout en restant circonspect, nous a déclaré que «notre travail sur le terrain vient à peine de commencer. Nous attendons nos collègues qui vont arriver dans quelques jours. Nous organiserons une conférence de presse le 25 mai courant pour rendre publiques nos conclusions». Il a affirmé avoir pris contact avec certaines associations et avec ses pairs, il devra toucher d'autres acteurs de la société civile mais également des partis politiques. Les investigations déborderont, en sus de l'épineux problème des disparus, sur la question de la levée de l'état d'urgence, la liberté de la presse, les conditions de détention pénitentiaire ainsi que le respect des libertés collectives, syndicales et autres. A rappeler qu'un comité ad hoc a été mis en place à l'effet de plancher sur le dossier des disparus. L' ONG, dont la venue coïncide avec un important débat au forum d'El Moudjahid hier sur l'amnistie générale, a déjà eu à s'exprimer sur ce projet à travers des déclarations virulentes assimilant la démarche du président de la République à une consécration de l'impunité par un texte qui absoudrait les criminels des actes terroristes commis durant la décennie écoulée.