La presse ne crée pas l'événement, elle le rapporte. Pour que la presse ne parle plus de corruption, il faudrait que les gens arrêtent de voler. Et l'image de l'Algérie n'en serait que meilleure. Il était certain que les derniers scandales liés à des affaires de corruption allaient s'inviter aux débats du Parlement, pour l'ouverture de sa session de printemps. Maigre consolation puisqu'il ne s'agit que d'un survol d'un fait important qui a ébranlé la société d'une part, et par le fait que les organismes incriminés sont ceux qui brassent des millions en devises, d'autre part. Il ne s'agit pas de la petite corruption où la tentation est “justifiée” par une érosion du pouvoir d'achat. La sortie maladroite du deuxième personnage de l'Etat sur cette question étonne : au lieu d'appeler à la constitution, avec son collègue de l'Assemblée, d'une commission d'enquête sur ces dilapidations, il se résigne à pointer du doigt la presse, devenue bouc émissaire expiatoire et responsable des maux du pays et d'en noircir l'image. À ce stade d'accusations, le courage serait d'intimer l'ordre aux services de sécurité de ne plus diligenter d'enquêtes. La presse ne crée pas l'événement, elle le rapporte. Pour que la presse ne parle plus de corruption, il faudrait que les gens arrêtent de voler. Et l'image de l'Algérie n'en serait que meilleure. Enlisée dans ce débat, la consolidation de l'Etat de droit a encore beaucoup de chemin à faire avec cette sorte de discours d'élus qui évitent d'être, par peur de représailles multiples, des précurseurs et des réveilleurs de conscience. Ils se contentent de remplir un mandat sans heurt pour le bonheur d'une retraite dorée et le plaisir d'exhiber une carte de visite aux armoiries du Parlement. Le phénomène de la corruption n'est pas spécifique à notre pays. Il sévit partout avec des traitements et une prise en charge différents. Il faut juste avoir le courage de le reconnaître, de la combattre et n'être pas le dernier de la classe pour son éradication. O. A. [email protected]