Le jugement, ordonnant l'arrêt immédiat de la grève prononcé lundi par la chambre administrative de la cour d'Alger contre les deux syndicats autonomes de la corporation, n'a pas dissuadé les enseignants des trois paliers de poursuivre leur mouvement de débrayage à travers le territoire national. En effet, les établissements à l'est du pays étaient hier encore paralysés. Le taux de suivi du débrayage a atteint les 100% dans, pratiquement, tous les établissements scolaires des wilayas d'Annaba, Guelma, Souk-Ahras et El-Tarf où l'on signale un durcissement dans l'attitude des enseignants grévistes. Ces derniers persistent dans leurs revendications comme au premier jour du déclenchement de la grève générale et déclarent qu'ils sont prêts à enchaîner une troisième et même une quatrième semaine de gel des cours, s'il le fallait, si rien de concret n'est annoncé par la tutelle ce week-end. Cette décision intervient alors que le spectre de l'année blanche se dessine de plus en plus et suscite des craintes auprès des parents des élèves devant passer leurs examens de fin de cycle en juin prochain. Des syndicalistes déclarent que les enseignants n'assureront même plus les cours de rattrapage, arguant du fait que la tutelle a effectué des ponctions sur leurs salaires. À noter que les élèves des classes de terminale ont pris conscience de la gravité de la situation et sont de plus en plus nombreux à crier le refus d'être les otages et les victimes expiatoires des parties en conflit. La mobilisation au centre et en Kabylie Le mouvement de grève dans le secteur de l'éducation se durcit au fur et à mesure que les jours passent dans la wilaya de Tizi Ouzou. “La grève est suivie à 98%”, déclarent les représentants des deux syndicats autonomes, qui ont reconduit depuis hier le débrayage pour une semaine renouvelable. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) parle d'un taux jamais égalé de 98,36%, alors que l'autre syndicat, l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), avance un taux presque similaire. “La grève est très bien suivie, nous sommes presque à 98%”, affirme-t-on à l'Unpef. Les élèves, qui ont rejoint, hier, les établissements scolaires ont été renvoyés chez eux. Dans une déclaration rendue publique, le Cnapest a décidé de la poursuite du mouvement de grève jusqu'à satisfaction de toutes les revendications posées sur la table. À Béjaïa, les enseignants affichent une nette détermination à poursuivre leur combat. Selon le coordinateur de wilaya du Cnapest de Béjaïa, M. Zenati Slimane, le taux de suivi de la grève dans la région avoisine les 93% malgré les manœuvres consistant à publier l'augmentation “des salaires qui ne vise, à vrai dire ,qu'à nous leurrer et à retourner l'opinion publique contre les enseignants”. En outre, le bureau du Cnapest de Boumerdès a indiqué que le taux de participation au mouvement de grève de ce mois a atteint hier 95%, soit 10% de plus par rapport à celle observée en novembre évaluée à 85%. Le syndicat affirme dans le même document qu'il maintient sa décision de poursuivre la grève jusqu'à la satisfaction totale de ses revendications. À l'Ouest, jusqu'au bout Rien ne semble faire plier les enseignants du Cnapest et de l'Unpef et surtout pas une décision de justice ordonnant l'arrêt de la grève, comme nous avons pu le constater à Oran. En effet, hier, la plupart des établissements du secondaire et du moyen étaient toujours paralysés avec comme preuve le cortège d'élèves renvoyés chez eux. À noter qu'un mot d'ordre d'une mégamarche, la semaine prochaine, a été lancé par une coordination des lycéens de la wilaya, ce qui constituerait un palier supplémentaire franchi dans ce conflit. La situation et la mobilisation ont été hier identiques dans la plupart des wilayas de l'Ouest du pays, comme l'ont constaté nos correspondants. Ainsi, à Tlemcen et malgré la décision de justice ordonnant la cessation de la grève, les représentants des syndicats autonomes qui disent n'avoir pas été informés de la notification de ce jugement, campent sur leurs positions. Le débrayage a été suivi à quasiment 100% dans tous les établissements scolaires, alors que la Direction de l'éducation avance, pour sa part, un taux général de 80% de suivi.