Au niveau du ministère, le dossier du régime indemnitaire est clos. A quelques heures de l'année blanche, le ministre de l'Education nationale Boubekeur Benbouzid lâche la carotte et reprend le bâton. «Après moult appels à la raison, le ministère a décidé d'utiliser les moyens judiciaires à sa portée», a déclaré hier, le conseiller à la communication du département de l'éducation. Joint par téléphone, ce dernier a affirmé que la tutelle a recouru à une procédure d'urgence en direction de la justice. Saisie, la chambre administrative de la cour d'Alger s'est prononcée le 1er mars dernier sur le bras de fer qui oppose syndicats et administration. Verdict: les enseignants sont sommés d'arrêter immédiatement la grève. Un document de la justice parvenu hier à notre rédaction confirme cette décision. Cette décision administrative en référé, d'heure à heure, concerne les deux syndicats qui ont renoué avec le débrayage d'une semaine reconductible. Il s'agit de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef) et du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Le 24 février dernier, ces deux syndicats ont appelé à l'arrêt des cours au niveau des trois paliers de l'éducation. Cet arrêt a touché 93% du personnel de ce secteur qui compte 500.000 travailleurs. Cette décision est-elle à même de dissuader les enseignants de continuer leur mouvement? Sur cette question, le chargé de communication du ministère de l'Education nationale s'est montré optimiste. «D'après les informations qui nous parviennent, il y a une prise de conscience parmi les enseignants sur la gravité de la situation. Il y a une reprise de cours progressive à l'échelle nationale», a assuré notre interlocuteur. En ce sens, le chargé de communication a rappelé que le gouvernement a répondu favorablement aux revendications des syndicats. Le 20 février dernier, le département de Boubekeur Benbouzid avait annoncé une augmentation des indemnités. Cette augmentation varie de 29 à 32%. Il s'agit de 8674 DA pour le maître d'école primaire alors que l'augmentation s'élève à 9533 DA pour le professeur d'enseignement fondamental. Elle est de l'ordre de 10.665 DA pour le professeur d'enseignement moyen. Quant à celle perçue par le professeur d'enseignement secondaire, elle sera de 10.905 DA. «Par ces mesures, le secteur de l'éducation est le plus rémunérateur dans la Fonction publique», a indiqué la même source. Au niveau du ministère, le dossier des indemnités est clos. Cependant, il est loin de se traduire en réalité sur le terrain. Plus de 8 millions d'élèves risquent d'être pénalisés par une année blanche. Au cas où les enseignants continueraient la grève, la tutelle n'exclut pas de prendre les mesures qui s'imposent. Cela dit, au niveau du ministère, ce point ne figure pas encore à l'ordre du jour. Pour le département de Benbouzid, l'impératif est l'arrêt du débrayage. Au fil des heures, le spectre de l'année blanche se fait de plus en plus menaçant. Même si les élèves regagnent les salles, ils feront face à un autre problème de taille. Après deux longues ruptures durant cette année, un retard considérable s'est accumulé dans le programme scolaire. Au niveau du ministère, l'on assure que ce retard est rattrapable. Les mesures à prendre dans ce cas peuvent rallumer la mèche de la colère chez les élèves, notamment les lycéens. «Pour le moment, cette question est à l'étude», a révélé notre source. La solution de ce problème ne sera pas une sinécure. Une grande inconnue subsiste, la décision que prendront les enseignants grévistes.