L'ambassadeur d'Algérie à Paris a fait, hier, dans la capitale française, devant des représentants de médias algériens, une série de mises au point, de démentis et de clarifications quant aux dossiers chauds de la relation algéro-française. La visite de Bouteflika à Paris n'a pas été reportée, celle de Kouchner à Alger l'a été à sa propre demande et il n'y a jamais eu de demande de visite de Besson et de Hortefeux à Alger où les ministres français sont les “bienvenus” : avec cette addition de démentis, l'ambassadeur d'Algérie à Paris a nié l'existence d'une “crise” entre l'Algérie et la France. “Nous ne sommes pas en crise avec la France. Nous avons des points de crispation”, a déclaré, hier, Missoum Sbih à des journalistes de la presse algérienne. La visite d'Etat du président de la République à Paris annoncée pour l'été dernier ? “Contrairement à ce qui a été dit, il n'y a pas eu de reports successifs parce qu'il n'y a pas eu de date arrêtée. Il y a eu simplement une invitation du président Sarkozy acceptée (par son homologue). La date de cette visite devait être révélée d'un commun accord. Voilà la réalité”, a expliqué M. Sbih. Et la visite de Kouchner ? Le ministre français des Affaires étrangères avait prévu de se rendre à Alger le 18 janvier avant de demander lui-même un report. Selon M. Sbih, les commentaires sur une annulation de cette visite sont partis d'une information du quotidien Le Figaro qui était “fausse”. Quant aux visites des ministres de l'Intérieur et de l'Immigration, Brice Hortefeux et d'Eric Besson, elles n'ont pas été envisagées. La raison en est simple : ce voyage est par principe une étape avancée voire finale d'un processus de négociations au niveau des experts. Il s'agit en l'occurrence de la Convention franco-algérienne de 1968 qui doit faire l'objet d'un quatrième avenant. L'Algérie refuse d'être alignée sur le droit commun ou de signer un “accord concerté de gestion des flux migratoires” à l'instar de la Tunisie. La nature de la relation bilatérale, l'importance de la communauté algérienne en France et la densité des échanges entre les deux pays sont autant de facteurs qui plaident contre la signature d'un tel accord et pour la promotion d'un cadre spécifique. Paris et Alger ont désormais “une approche presque commune” de la question et la négociation se déroule “dans un bon esprit de coopération”. Il n'y a donc pas d'orage menaçant dans le ciel de la relation algéro-française ? Juste quelques nuages constituant des “points de crispation”. C'est le cas du diplomate Mohamed Ziane Hasseni inculpé et placé sous contrôle judiciaire dans le dossier de l'assassinat d'Ali Mecili. “C'est une affaire judiciaire” sur laquelle “il n'y pas de négociation”. Mais “nous savons tous qu'il est innocent et nous attendons un non-lieu définitif” requis d'ailleurs par le procureur. Autres points de crispation : l'affaire des moines de Tibhirine “instrumentalisée”, les problèmes de la mémoire “récurrents” et l'inscription de l'Algérie sur une liste de pays à risque en matière de transport aérien. “La France a pris la mesure de l'émotion suscitée et de la détermination de l'Algérie à obtenir son retrait” de la liste. Sur le plan économique, on attend du gouvernement français “un effort particulier pour encourager les entreprises françaises à investir en Algérie”. Au demeurant, toutes ces questions ont été examinées lors de la visite à Alger de Claude Guéant et Jean-David Levitte, le secrétaire général de l'Elysée et le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy. Cette visite était une “initiative française” qui ne s'est pas faite dans l'urgence comme elle a pu être comprise la semaine dernière. “Elle a été préparée pour que la mission française soit informée des attentes algériennes”. Au final, elle aura permis à Ahmed Ouyahia de “faire un état des lieux sans complaisance” de la relation bilatérale, à la délégation française de “mieux identifier les questions pendantes” et plus généralement “une reprise du dialogue”. C'est, du point de vue de l'ambassadeur, un contact qui “débouchera sur des dispositions concrètes”.