Il a assuré que la visite du Président Bouteflika à Paris n'a jamais été reportée car aucune date n'a été arrêtée. Les relations entre l'Algérie et la France ne sont pas la proie d'une crise. «On ne peut pas dire qu'il y a une crise entre l'Algérie et la France, il y a des relations de coopération normales», a déclaré l'ambassadeur d'Algérie à Paris, M.Missoum Sbih. Lors d'un point de presse au niveau de la chancellerie, l'ambassadeur a voulu donner un éclairage sur quelques points concernant les relations entre l'Algérie et la France. L'ambassadeur reconnaît que «les relations algéro- françaises sont complexes et délicates de manière générale et parfois les éclairages qu'on donne ne correspondent pas à la réalité». Tout en repoussant la thèse de la crise diplomatique, le représentant officiel de l'Algérie en France précise qu'«il y a une certaine crispation, notamment sur certaines questions qui n'ont pas encore connu de solution». Il estime que ces questions n'hypothèquent pas les relations mais plutôt qu'elles ont un effet sur le climat général. Il s'agit de l'affaire du diplomate algérien Hasseni, des moines de Tibhirine et de la dernière liste des pays à risque ainsi que le problème de mémoire. Sur la question de la liste noire, l'ambassadeur d'Algérie à Paris a fait savoir qu'il n'y a pas de négociations entre les deux parties. «C'était une décision prise et l'Algérie a exprimé sa position», a-t-il affirmé et d'ajouter que «l'Algérie n'a pas été officiellement informée de cette liste, c'est à travers la presse que nous avons pris connaissance de cette initiative», dit-il. M.Sbih avoue qu'il y avait un arrêté ministériel au ministère de l'Intérieur intervenu l'année dernière lequel avait déterminé un certain nombre de mesures de contrôle destinées aux compagnies aériennes. «Cet arrêté devait concerner quelques pays», a-t-il assuré. Il a affirmé qu'«à ce moment-là, nous n'avions pas pensé que l'Algérie allait être concernée». Toujours sur cette décision, il dira: «Nous ne comprenons pas pourquoi on singularise l'Algérie d'autant plus que les autorités françaises ont toujours souligné le caractère exemplaire de la coopération en matière de lutte antiterroriste.» Et d'ajouter que «la France était quand même le pays le mieux placé pour savoir que l'Algérie ne répond pas à ces critères», ayant présidé au classement des pays sur cette liste. La France va-t-elle revoir sa liste? Le représentant de la diplomatie algérienne se montre optimiste quant aux résultats des interventions effectuées par le gouvernement algérien auprès de la France. «Je crois comprendre que la partie française a peut-être pris la mesure de l'émotion et de la détermination du gouvernement algérien à obtenir le retrait de cette liste», a-t-il affirmé. Ce sujet a été au coeur des entretiens qu'a eus l'émissaire de l'Elysée avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia récemment. Selon lui, l'Algérie ne compte pas lâcher prise sur ce point. Concernant les visites des ministres français qui devaient se rendre en Algérie, entre autres M.Kouchner, l'ambassadeur a tenu à préciser que sa visite a été reportée par décision du Quai d'Orsay. Il explique que ces visites ministérielles doivent intervenir lorsque les négociations sur des dossiers d'intérêt commun seront à un stade avancé. Interrogé sur la visite du Président Bouteflika en France, notre interlocuteur assure qu'il n'y a pas eu de report successif car aucune date n'a été arrêtée. «L'importance d'une telle visite et sa signification politique et diplomatique impliquent nécessairement un climat nouveau, favorable pour que toutes les conditions de succès de cette visite soient réunies», a-t-il affirmé. Cette visite aura pour but de finaliser les accords en cours de négociations tel que la révision de l'accord de 1968. Alger refuse de s'inscrire dans la problématique du contrôle des flux migratoires mais elle souhaite prendre en compte la dimension humaine. Au sujet de la récupération du patrimoine national en France, notre interlocuteur a fait savoir qu'une enquête a été menée par la chancellerie pour recenser ce patrimoine. Enfin, concernant le projet de l'UPM, l'ambassadeur estime que la position de l'Algérie n'a pas été bien comprise. Il explique que l'Algérie a demandé à ce qu'elle soit associée dans le fond mais le contenu a été arrêté sans avoir consulté les pays du Sud. A la question de savoir si l'Algérie allait se retirer de l'UPM, notre interlocuteur a complètement écarté cette option.