Un mot dans sa forme régulière, familière et courante porte une définition franche et clairement annoncée. Une fois adjoint en fin de corps d'un suffixe en “isme”, il se charge souvent de connotations et de préjugés suggérant une pensée idéologique d'intention. Le suffixe “isme” devient alors un instrument abusivement utilisé dans un but péjorant qui modifie par déformation le sens. Exception faite ici des domaines scientifique, économique, celui des sports, des arts et de la littérature. Ainsi et à titre d'exemple, les mots : pointillisme, le réalisme, le libéralisme, le graphisme, le soufisme, etc. En revanche, pour ce qui est du domaine politique, il y a nuance en la matière en ce sens que la plupart des mots politiques forgés en final par le suffixe “isme” appellent à une doctrine de pensée. Ces mots en “isme” en politique sont un impédimenta destiné à alerter ou encore à faire peser tout au moins le doute sur ce qui peut se profiler comme étant contraire à des règles imposées. Ainsi en est du mot communauté. Très naturellement, la communauté désigne des valeurs ou des critères partagés par un groupe social donné. On peut désigner par une communauté urbaine des entités administratives regroupées sur un espace géographique pour fonder une institution ou encore une communauté scientifique qui regroupe les praticiens, les chercheurs, les savants du monde de la recherche, etc. Jusque-là, on ne trouve rien d'anormal. Mais dès que la communauté désigne une culture, une langue, une civilisation et une histoire partagées, alors le doute, l'appréhension, la crainte, et même la frayeur font instinctivement le plus grand des vacarmes politiques pour montrer du doigt un danger fictif et imaginé. C'est alors qu'est forgé le fameux mot en “isme” : le communautarisme. On cherche ainsi à complexer jusqu'à proscrire le droit à un groupe social soucieux tout simplement et légitimement de défendre, de préserver, de promouvoir et de célébrer ses propres valeurs tout en s'ouvrant aux autres. Le “communautarisme” est un vilain mot. Il est un mythe inventé et dont se servent les cultures dites dominantes pour asseoir leur suprématie et astreindre à leur seule détermination les autres groupes sociaux. C'est à travers ce mot en “isme” que l'arbitraire se faufile et s'incruste dans les dédales des lois qui condamnent tout regroupement en la matière. A. A. ([email protected])