Un 8 Mars pluvieux, mais un 8 Mars de fête tout de même à Tizi Ouzou, où la femme est à l'honneur. Les rues, les trottoirs et autres espaces publics sont cédés à la gent féminine, l'espace d'une journée où l'on donne l'impression que la femme s'est affranchie de son statut de sous-citoyenne. La ville des Genêts grouille de monde ; les femmes et les jeunes filles pressent le pas sous une forêt bigarrée de parapluies. Certaines font du lèche-vitrines, d'autres rejoignent les lieux de spectacle, tandis que d'autres encore sont allées honorer quelques rendez-vous galants. Mauvais temps aidant, il n'est pas recommandé de traîner dehors. À ce propos, les fleuristes, salons de thé et autres pizzerias n'ont pas chômé durant la journée d'hier. Les roses sont cédées à raison de 100 dinars pièce, voire 200 dinars pour les fleurs importées de Hollande. Un prix relativement élevé, reconnaît un fleuriste au centre-ville de Tizi Ouzou. Ce qui a donné des idées à des chômeurs qui proposent à la vente des fleurs synthétiques, beaucoup moins chères, il est vrai. Il n'est pas possible de trouver une table disponible dans les pizzerias. C'est que pratiquement toute la gent féminine a déferlé dans les rues de Tizi, y compris les filles appelées affectueusement “cetla uqerdun” (génération cordon), ainsi que les femmes travailleuses libérées à midi à l'occasion de cette journée de fête que la météo a voulu pluvieuse. Mais la météo n'a pas empêché le déroulement de nombre de festivités en l'honneur des femmes. Pratiquement, dans toutes les localités de la région, des activités culturelles et sportives ont eu lieu. Avec faste par endroits. La Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l'enfance (LPSJE) a organisé depuis samedi, par le biais du centre Lewhi, trois journées de festivités à Azeffoun, Mekla, Aïn El-Hammam, Iferhounène et la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. L'Agence nationale de gestion du micro-crédit (Angem) de Tizi Ouzou a organisé, hier, une exposition de ses produits à la bibliothèque communale de Béni Douala. Des femmes bénéficiaires du dispositif ont participé à cette activité. Pour sa part, l'association de sensibilisation et d'information médicales Tujya a concocté, elle aussi, un programme d'activités à l'occasion de cette journée. En plus d'une exposition sur l'historique de la Journée internationale de la femme, Tujya a invité le professeur Belkhodja, qui a animé une conférence sur les femmes médecins durant la guerre de Libération nationale. Les résidences universitaires ont marqué le 8 Mars par des festivités culturelles et autres tournois sportifs. La cerise sur le gâteau a été sans doute l'élection de Miss Bastos, le “mannequin” de la cité universitaire. Certaines collectivités locales et autres établissements de service public ont honoré leur personnel féminin. À Aït Aïssa Mimoun, on a fêté aussi le 8 Mars. La maison de jeunes et le comité de village de Ikhelouiène ont marqué la journée d'hier par des activités en l'honneur des femmes. Outre l'exposition d'habits traditionnels et autres objets artisanaux, les organisateurs ont rendu hommage à la doyenne du village âgée de 106 ans. Un gala artistique a clôturé le programme de la journée. Même topo ailleurs. Bref, partout en Kabylie, dans les ville comme dans les villages sur les hauteurs, la femme a été honorée, elle qui comptabilise, certes, quelques avancées en matière d'égalité, mais rappelle à qui de droit que le code de la famille n'est pas abrogé comme revendiqué par les militantes féministes. Honneur aux femmes !