Les fleuristes, les magasins de prêt-à-porter ainsi que les parfumeries et les vendeurs de glaces ont été, hier, les lieux de prédilection des Algéroises célébrant la Journée mondiale de la femme. La capitale a été enveloppée, hier, dans une aura féminine joviale. C'est la Journée mondiale de la femme. Dès le début de l'après-midi, les trottoirs comme les espaces publics et les magasins étaient bondés de la gent féminine qui tente d'imprimer un sceau de gaîté à cette fête. Et les astuces ne manquent pas. A Bab El Oued, plusieurs mamans ont opté pour une randonnée avec leurs enfants aux abords de Kettani pour profiter des aires de jeux installées dans ces lieux. A quelques mètres de là, des couples, bras dessus bras dessous, contemplent la mer splendide ou s'amusent dans des discussions intimes. En avançant à la place des Martyrs, il est difficile de se frayer un chemin devant la marée humaine féminine qui emprunte les allées du marché à ciel ouvert. Des jeunes filles, accompagnées de leurs mères, s'attardent sur le choix de la dernière marque de parfums ou scrutent les dernières recettes de maquillage. Profitant de l'occasion, de petits prospectus publicitaires sont offerts aux passagers par l'école Efmod pour les informer des formations lancées, dont TS modéliste, en haute couture, TS en éducation de la première enfance, animatrice de crèche. Même ambiance à la rue Ben M'hidi. Les trottoirs sont bondés de femmes et de jeunes filles, sans omettre les vieilles femmes, l'air souriant. Les magasins de prêt-à-porter pour femmes sont presque pris d'assaut. La boutique Diamantine propose une panoplie de styles, à commencer par des pulls et djellabas jusqu'aux châles, kaftans, babouches et broches. La préposée à la caisse est très satisfaite de ses clientes, en dépit de la coupure d'électricité durant la journée, rendant la visibilité quasi nulle. Aux alentours de la place Emir Abdelkader, c'est le rush sur les crèmes et glaces. Les salons de thé et le Milk-bar sont archipleins, et les femmes imposent un interminable charivari. Sur les trottoirs, des marchands à la sauvette proposent aux jeunes filles une variété de bijoux et de colliers cédés, en cette journée, à des prix symboliques. Malika, pleine d'humeur, exhibe sa rose avec fierté, et dira : « La matinée, j'étais au boulot. Puis, j'ai préféré passer l'après-midi avec des copines. » Ses amies s'éloignent un peu et sont absorbées par une vitrine de bijoux. Le fleuriste, à côté de la Grande poste, ne sait plus où donner la tête. Il n'a pas chômé toute la journée. Deux petites fleurs sont cédées à 200 DA. A la place Audin, l'atmosphère est enjouée. Il faut faire la queue pour s'offrir une glace servie en esquimau, corneto ou en coupe. Dans la foule féminine, Wahiba, la quarantaine, admet : « Je n'ai rien programmé pour cette journée. Je prends ma glace et je rentre chez moi. » Pourtant, à la salle de cinéma El Djazaïr, une belle recette est concoctée en la circonstance : une exposition des tenues traditionnelles, un film Le conflit (traitant des problèmes familiaux), et enfin, un gala artistique haut en couleur. Les retardataires ont souvent tort puisque plusieurs familles ont été interdites d'accès faute de places. A la rue Hassiba Ben Bouali, les boutiques de liquettes et de manteaux pour femmes connaissent une affluence soutenue. Lila, dégustant sa crème, affirme : « Après une matinée au travail, on a programmé une sortie en groupe entre copines. On n'a pas eu le temps d'aller au théâtre ou au cinéma. » Les Algéroises ont plusieurs manières de faire la fête, mais toutes veulent rompre avec le train-train quotidien et dire leur espoir pour un lendemain meilleur.