Des échauffourées ont éclaté, en tout début de semaine, entre des employés du centre de tri postal (St-Charles) et des administrés en colère. Prises de bec acerbes, altercations et menaces sont proférées de part et d'autre. L'intervention des éléments de la sécurité a permis de rétablir l'ordre et de calmer les esprits surchauffés. Ce n'est pas la première fois que des empoignades mettent aux prises les citoyens avec des employés, eux aussi au bout du rouleau. “Ce n'est pas de notre faute si des quartiers sont peu ou mal desservis par les facteurs. Nous arrivons à peine à couvrir les quartiers de la ville faute de moyens matériels et humains”, nous explique un facteur exerçant depuis plus de 38 ans. Des dizaines d'habitants du quartier de Ras El-Aïn qui s'agglutinent quotidiennement devant le centre de tri sont franchement déprimés. “Nous sommes ici chaque matin pour prendre notre courrier. Cette situation qui dure depuis des mois nous pénalise lourdement”, affirment-ils la mort à l'âme. En effet, plusieurs retraités sont momentanément suspendus des listes de la Caisse nationale de retraite pour des déconvenues liées au courrier. “Je dois produire un certificat de vie tous les ans pour pouvoir prétendre au renouvellement de ma retraite. Le cas échéant, ma pension est systématiquement interrompue sans avis préalable”, se plaint un vieux retraité. Le cas le plus significatif concerne le quartier de Ras El-Aïn qui vit sans facteur depuis quatre mois. Les riverains ont écrit non pour dénoncer, mais pour susciter des réactions à divers niveaux. Un habitant affirme avoir fait le déplacement à Alger où il a déposé une pétition auprès de la direction générale d'Algérie Poste pour solliciter… un facteur. Une demande qui est restée lettre morte, ajoutant au marasme vécu par les facteurs et les usagers. La deuxième ville du pays fonctionne avec seulement cent facteurs dotés de… six mobylettes. Dans ce contexte, nous apprenons que la plupart d'entre eux couvrent en moyenne quatre à cinq quartiers par jour. La pression est tellement forte que des disputes éclatent pour un oui ou un non. “Nous sommes quotidiennement assiégés par des centaines d'usagers qui viennent chercher leur courrier. Ils ne font que raconter des boniments à la presse qui les écoute”, déclare un facteur, visiblement exaspéré par la présence des journalistes. Devant cet état de fait pénalisant, 30 000 administrés de Ras El Aïn sont otages d'une situation de blocage insupportable.