Les stations de taxis inter wilayas, situées au niveau des quartiers périphériques, offraient, hier, l'aspect d'une véritable foire d'empoigne, mettant dos à dos les potentiels passagers et les chauffeurs de taxis. Prises de bec acerbes, vociférations, invectives et insultes, proférées dans la règle de l'art, ont ponctué la journée d'hier. La tension était tellement vive que des échauffourées sporadiques éclataient entre les « clients » grugés et les propriétaires de taxi. Les prix pratiqués par ces derniers n'étaient pas au goût de plusieurs voyageurs à destination du Centre et du Sud du pays. Les premiers dindons de la farce à la veille de l'Aïd El Kébir sont tout désignés puisqu'il s'agit des étudiants et des travailleurs qui désirent passer la fête en compagnie de leurs familles. Au niveau de l'USTO, les chauffeurs de taxi ont doublé leur tarification. Une place à destination de la wilaya de Tiaret a été revue à la hausse, passant de 400 à 800 dinars, au grand dam des voyageurs. Le même scénario était également visible à la station des taxis assurant les liaisons avec les villes de Ghazaouet et de Tlemcen. Prix homologués Dans cet ordre d'idées, les chauffeurs de taxi ont appliqué leur prix de circonstance, en dépit des plaintes des passagers. Et c'est dans cette atmosphère faite de supplications et de colère que les propriétaires de taxi ont fixé la place entre 400 et 500 DA au lieu des 300 dinars « en temps normal ». Un père de famille originaire de la ville de Tlemcen s'arrache les cheveux. « C'est toujours la même chose depuis des années. A chaque fête religieuse ou nationale les chauffeurs de taxi se donnent le mot pour nous saigner à blanc. C'est une attitude éhontée et indigne de ces pseudo musulmans », affirme-t-il. A El Hamri, les éventuels passagers à destination de Béchar, Saïda et Mecheria ne sont pas mieux lotis que les autres voyageurs. D'habitude cédée à 1 000 dinars, une place pour cette wilaya du Sud du pays « saute » à 1500 dinars, parfois plus, selon l'humeur changeante des chauffeurs de taxi. Ces derniers semblent avoir trouvé la parade, tirant un maximum de la demande qui dépasse de loin l'offre. Des étudiants originaires de Mecheria font, eux aussi, les frais de la politique des propriétaires de taxi qui n'en font qu'à leur tête. « Une minorité de chauffeurs de taxi essayent tant bien que mal d'appliquer les prix homologués par l'Etat, mais ils sont rejetés par les leurs, au prétexte de casser les prix », s'offusque cet étudiant en droit. Un enseignant ne s'explique pas le pourquoi de cette situation ponctuelle mais conjoncturellement bénéfique pour une catégorie de chauffeurs de taxi sans vergogne.