Et je suis jaloux. Et je suis triste. À l'occasion de ce Salon international de l'édition et du livre de Casablanca 2010, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) a organisé un rassemblement inédit intitulé “Les Marocains du monde”, où tous les écrivains et intellectuels marocains installés à l'étranger, ou presque, ont été conviés. De Tahar Benjelloun, en passant par Abdellatif Laâbi, Mohammed Berrada et Salim Jay jusqu'à la nouvelle génération de Rachid Benzine, Maâti Kabbal et d'autres, tous étaient au rendez-vous. Chez nous, nos écrivains refusent même d'être enterrés sous le sol de cette belle Algérie. Souvenez-vous de la mort de Mohammed Dib, celui qui, avant de rendre l'âme, a souhaité que son corps ne soit pas rapatrié. Il rejetait d'être enterré dans la ville de Lalla Setti, Tlemcen ou dans celle de Sidi Abderrahmane At-Thaâlibi, Alger. Assia Djebar, depuis qu'elle a été admise à l'Académie française, n'a pas mis les pieds en Algérie. Elle répond, souvent, présente là où elle est invitée, en Europe, en Amérique, aux pays du Golfe. Mais la fille de Caesarea ou Cherchell, peu importe, refuse de venir en Algérie pour rencontrer son lectorat fidèle. Et Mohammed Arkoune, cette figure emblématique de la pensée humaine de notre époque, lui aussi n'aime pas retourner dans son pays. Chaque fois, ou presque, qu'il est invité : Maroc, Qatar… il répond positivement ! Mais pas l'Algérie ??? L'Algérie a organisé deux grandes et longues manifestations culturelles : en 2007, l'année d'”Alger capitale de la culture arabe” et le Festival culturel africain (Panaf) en 2009, et ces deux événements ont été marqués par une absence totale des écrivains stars algériens. Mais pourquoi nos intellectuels algériens refusent-ils de venir chez eux, dans leur pays ? Certes, ce refus, de la part de nos éminents intellectuels, a une raison, et cette raison il faut la chercher, la dénicher dans l'esprit rural régnant sur les institutions organisatrices culturelles ou universitaires. Ces institutions n'arrivent pas, malheureusement, à faire la distinction entre une rencontre culturelle ou scientifique et une zerda (festin) ou waâda. Ainsi nos invités de marque, algériens ou autres, ne prennent pas au sérieux toute invitation émanant de nos institutions scientifiques, culturelles ou universitaires. Nous fonctionnons à l'amateurisme et à la hâte. La semaine dernière, en regardant cette belle et profonde image de Zineddine Zidane, au stade du 5-Juillet, où l'on voit la star enveloppée dans les couleurs du drapeau algérien, je me suis dis : mon Dieu, quand est-ce que nous aurons un écrivain star à l'image de Zizou ? A. Z. [email protected]