Sur les points essentiels des négociations israélo-palestiniennes, notamment ceux relatifs aux prisonniers, au mur de sécurité et à l'évacuation des villes des territoires autonomes, c'est le blocage total. Tel-Aviv refuse de faire la moindre concession. Devant cette situation, l'Autorité palestinienne demande que des pressions soient exercées sur l'Etat hébreu. Hier, Israël tentait de faire croire encore qu'elle envisageait de libérer davantage de prisonniers palestiniens. Après avoir fait semblant de relancer le processus de paix par des promesses, sur lesquelles il s'est vite rétracté, Ariel Sharon met la “feuille de route” du quartette dans l'impasse. Son refus d'arrêter la construction du mur de sécurité, que Washington considère comme un “fait accompli”, est un signe qui ne trompe pas sur son intention de retarder au maximum, voire empêcher définitivement, la création d'un Etat palestinien d'ici 2005, tel que prévu par les dispositions de la “feuille de route”. Cette position “mine”, selon le secrétaire d'Etat américain aux affaires étrangères, le document du quartette. Colin Powell estime qu'elle complique l'application de la prochaine étape de la “feuille de route”. D'après lui, le président américain “est préoccupé car la clôture crée un fait accompli irréversible en traçant la frontière d'un Etat palestinien”. Le scepticisme du chef de la diplomatie US montre clairement que Washington n'arrive pas à contrôler le chef du gouvernement israélien, qui n'en fait qu'à sa tête. Côté palestinien la sonnette d'alarme a été tiré par le conseiller du président Arafat, Nabil Abou Roudeïna, qui lance un appel à une réunion dans les meilleurs délais des membres du quartette, à savoir les Etats-Unis, la Russie, l'ONU et l'UE. Son appel est intervenu à l'issue de la réunion, qui a regroupé, jeudi soir, les hauts responsables de l'autorité palestinienne en présence de Yasser Arafat et Mahmoud Abbas. Le conseil du gouvernement palestinien a réitéré, samedi, l'appel à une intervention étrangère pour faire pression sur Israël. Un constat d'échec a été fait après le séjour d'Ariel Sharon à la Maison-Blanche, qui a abouti à un blocage des négociations entre les deux parties. Abou Roudeïna trouve que la situation a atteint un seuil de gravité tel qu'elle nécessite une rapide réunion du quartette pour tenter de relancer la mise en œuvre de la “feuille de route”. Israël ne se contente pas de bloquer les discussions de paix, mais cherche également à pousser les Palestiniens à la faute, pour trouver l'argument à même de lui permettre de rompre tout contact avec eux. En effet, elle persiste à poursuivre ses opérations d'arrestations de Palestiniens en général, et de militants des mouvements radicaux du Hamas et du Djihad islamique, dans le but évident de pousser les groupes armés qui leur sont affiliés de suspendre la trêve de trois mois dans les attentats anti-israéliens, qu'ils se sont engagés à respecter le 29 juin dernier. Pour l'instant, toutes les provocations sont restées vaines, et Yasser Arafat semble maintenir son emprise sur ces mouvements. Mais rien n'indique que son influence résistera à de plus graves provocations, surtout que les menaces de rompre cette trêve se font entendre à la moindre attitude négative des Israéliens. Si cette situation de blocage perdure encore longtemps, sans que le quartette ne réagisse, les attentats anti-israéliens ne tarderont pas à reprendre. Et il sera fort difficile de rétablir un climat aussi favorable, que celui prévalant depuis la fin juin, pour espérer aboutir à de véritables accords de paix entre les Palestiniens et les Israéliens. K. A.