Les déclarations faites dimanche par le ministre de la Santé n'ont pas laissé les blouses blanches indifférents. Hier, les deux syndicats grévistes ont répondu point par point à Saïd Barkat et ont relevé les contradictions de son discours. Les praticiens et les praticiens spécialistes de la santé publique, en grève, ont répondu hier, lors d'une conférence de presse, au siège du syndicat des paramédicaux, aux propos du ministre de la santé qui les avait accusés, la veille, de “non-assistance à personne en danger”. Il faut dire que cette sortie a été organisée spécialement dans le but de répondre aux déclarations de Saïd Barkat, ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, notamment ses accusations contre leur mouvement de grève. “Nous sommes étonnés par ces propos diffamatoires et contradictoires. Le ministre nous a reçus mercredi, pour arranger les choses. Maintenant, il nous fusille et nous menace”, a déclaré le Dr Youcefi, du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique. Pour l'autre syndicat, partie prenante de la protestation, celui des praticiens de la santé publique, le ministre avait pour but de dresser l'opinion publique contre eux et leur action. “Si on veut nous jeter en pâture à l'opinion publique, il faut le dire plus clairement”, a clamé le Dr Merabet. Les syndicalistes se sont dit scandalisés par ces accusations et considèrent qu'ils ne sont coupables d'aucune effraction à la loi concernant la grève qui dure depuis trois mois maintenant. “Cette grève est due à des raisons socioprofessionnelles. Elle n'est pas illégale, tout a été fait conformément aux règles, nous avons déposé un préavis de grève au ministère, et jusque-là, rien n'a été dit par les hauts placés”, a annoncé le Dr Merabet. “Nous n'avons reçu aucune notification de la justice. Est-ce qu'il parle d'un autre syndicat ? D'autres praticiens ? En fait, il y a une incohérence dans ses propos : il demande un peu de réserve alors qu'il ne l'applique pas”, a ajouté le Dr Youcefi. Ce qui a le plus révolté les syndicalistes, c'est la déclaration de Barkat sur “non-assistance à personne en danger”. “C'est très grave de faire une telle déclaration. Le service minimum est assuré par les médecins qui ont répondu à l'appel des deux syndicats. C'est le praticien qui est en face du citoyen chaque jour. Et si on le fait, c'est dans le seul but de ne pas le pénaliser”, a assuré le Dr Youcefi. Le Dr Merabet, aussi consterné que son confrère par ces propos, a ajouté : “le ministère se contredit : d'un côté, il déclare que notre grève n'a aucun impact, que tout se passe bien, que le service est assuré. Et, trois mois après, il parle de non-assistance à personne en danger.” Les médecins ont insisté sur le fait qu'ils n'étaient pas contraints d'effectuer ce service minimum car ils étaient en grève. Les deux intervenants n'ont pas manqué de rappeler que “leurs revendications sont légitimes”. Et de rappeler aussi que le ministre a eu à déclarer lui-même, selon le Dr Youcefi : “vos revendications sont légitimes et si je n'étais pas ministre, j'aurais enlevé ma blouse et je serais sorti avec vous.” Les deux intervenants établissent toutefois un lien probable entre les derniers propos du ministre et ceux du Premier ministre deux jours auparavant : “Après les déclarations du premier ministre, M. Barkat sort de nouveaux arguments. ce n'est, peut-être, que l'expression d'une certaine solidarité entre les responsables”, a déclaré le Dr Merabet. Concernant la déclaration sur le travail des praticiens et praticiens spécialistes dans les cliniques privées, alors qu'ils étaient en grève, les syndicalistes ont répondu haut et fort à ces reproches. “C'est complètement faux, les syndicalistes n'ont pas le droit de faire une activité complémentaire. On le défie de trouver parmi nous des personnes qui exercent dans ces cliniques. Quant aux médecins qui exercent cette activité complémentaire, ils ne perdraient pas leur temps à quémander du travail en passant d'une clinique à une autre si tous les moyens étaient réunis dans les structures qui les emploient”, a-t-il ajouté. S'agissant de la revendication portant sur le logement, également dénoncée par le ministre, les syndicalistes affirment qu'elle vient en dernière position dans leur plateforme de revendications et que, de plus, ils demandent seulement de pouvoir bénéficier de logements “comme les fonctionnaires des autres secteurs”.