Le pouvoir égyptien tente de rassurer : Moubarak se remet de son opération. Son absence du Caire avait fini par inquiéter, au point que la Bourse égyptienne a dégringolé. En effet, le président égyptien a pris la parole, le 4 mars dernier à Berlin, où il devait subir une intervention chirurgicale, puis silence total durant dix jours. Son absence et l'opération chirurgicale ont relancé les questions sur la communication officielle autour de sa santé, sur les institutions et sur son avenir politique à l'approche de la présidentielle de 2011. Le communiqué officiel faisant état du succès de l'opération n'a pas pour autant dissipé les incertitudes au sujet de sa santé et du reste. La Bourse du Caire ne s'est pas redressée depuis ce dimanche où a circulé la rumeur du décès de Moubarak. L'incertitude domine encore parmi les investisseurs égyptiens et étrangers, en raison des inquiétudes concernant la santé du président égyptien. Hosni Moubarak, âgé de 81 ans, a subi une ablation de la vésicule biliaire et le retrait d'un polype du duodénum, à l'hôpital d'Heidelberg, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Il a quitté les soins intensifs quatre jours après l'intervention et se trouve toujours en convalescence dans l'établissement. Voilà ce qu'en a dit le communiqué officiel, pour calmer le jeu. C'est le lot de tous les pays autoritaristes. Aucune indication n'a été donnée quant à une date de retour au Caire. Pourtant, depuis quelques années, les rumeurs couraient sur la santé du président égyptien. Mais le président égyptien, à l'instar de ses pairs arabes, n'apprécie pas que l'on évoque sa santé... ni, par conséquent, sa succession. En septembre 2008, Ibrahim Eissa, rédacteur en chef du journal d'opposition al-Dostour, avait fait état de problèmes de circulation sanguine, il a été condamné à deux mois de prison ferme pour avoir diffusé “de fausses nouvelles de nature à mettre en péril l'intérêt général et la stabilité du pays”. L'état de santé de Moubarak avait beau être assimilé à un secret d'Etat, mais a fini par éclater au grand jour, bien que son régime soit considéré comme l'exemple même de fermeture. Communiqué ou pas, Le Caire se tient le ventre d'autant que contrairement à ses prédécesseurs Gama Abdel Nasser et Anouar al-Sadate, Moubarak n'a pas nommé de vice-président chargé de l'intérim. Lui même un ancien vice-président, il a abrogé cette fonction depuis sa prise de pouvoir en 1981. Il a, dit-on dans son entourage, délégué ses prérogatives au Premier ministre Ahmad Nazif, un proche de son fils Gamal qui ambitionne de lui succéder. Moubarak n'a pas non plus fait savoir s'il comptait se présenter à sa propre succession lors de la présidentielle de 2011. Il avait déclaré en 2005 qu'il voulait rester en place jusqu'à son dernier souffle. C'est dans ce climat délétère pour le régime que quatre partis d'opposition égyptiens appellent à des réformes démocratiques, afin de garantir des élections démocratiques et libres. Le Front démocratique, le Parti nassérien, El Wafd et le Tagammu réclament l'abrogation de tous les amendements qui permettent la concentration des pouvoirs. Ils veulent l'annulation des lois qui limitent les libertés. Ils réclament aussi la fin de l'état d'urgence. Le décompte a commencé !