Belle saison pour les petits pois. Les années pluvieuses sont favorables à leur prolifération. Une clémence de la nature en attendant celle de la mercuriale, au grand bonheur de l'amateur de la verte graine qui sera présente sur les marchés jusqu'aux premières chaleurs. Connu dans l'alimentation humaine depuis des temps reculés, 4 000 ans, selon les historiens des végétaux, le petit pois n'a cessé de se policer pour plaire aux gourmets. C'est la variété sauvage qui fut d'abord consommée, uniquement à l'état sec. Le petit pois frais ne fera son entrée en cuisine que vers la fin du XVIIe siècle. Des générations de jardiniers se sont échinés à l'améliorer et à obtenir de nouvelles variétés plus douces et digestes. De nos jours, cela va plus vite, le génie génétique s'en occupe en laboratoire. Rappelons au passage que c'est justement les pois qui ont servi de cas d'espèce à Johann Gregor Mendel, père fondateur de la génétique. Jelbana et bizi On dit pois pour désigner la plante, petit pois est usité pour en désigner les fruits à l'état frais. Chez nous, djelbana ou thajelbant ne fait pas la différence. Le terme bizi, du latin pisum via, du grec pison, est réservé aux petits pois dans les zones de production traditionnelle. Probablement pour différencier le cultivar des anciennes espèces. Les régions de Skikda, de Sidi Bel-Abbès et de Médéa fournissent des variétés réputées à tout le pays. Depuis les années 1970, sur la route de Relizane à Mohammedia, s'est instauré un marché saisonnier dont la réputation va grandissante. Le nouveau tracé routier évitera le souk improvisé. On entend déjà les poètes gastronomes fustiger l'autoroute qui les obligera à faire un détour pour s'approvisionner. La cuisine algérienne réserve une grande place dans son répertoire au petit pois. Au printemps, le mesfouf bel jelbana est de rigueur dans les campagnes. Les urbanisés en font autant avec du riz, un héritage turc. En Oranie, c'est le riz aux petits pois à l'espagnole, façon paëlla, avec safran, piment sec, laurier, ail, qui a la préférence des gourmets. On rencontre aussi une omelette plate aux petits pois, espèce de maâqouda. Mais le djouaz ou marqa bel bizi reste la préparation favorite des cuisinières. Seule ou associée à d'autres légumes, tels les fèves, les pommes de terre, l'artichaut, la graine verte est cuisinée à l'agneau ou à la volaille. Annaba nous offre un tajine moulé en gâteau à base de ces mêmes ingrédients. Quant aux tbiykhate et chorbas, qui sont parents, elles foisonnent à travers toutes les cuisines du pays. Les petits pois servent également à garnir de nombreuses farces de diverses spécialités, comme l'osbane, les calmars. Il y a de quoi faire en espérant que la mercuriale sera clémente. RECETTE Mini-cakes aux petits pois et carottes Ingrédients - 200 g de farine - 1 sachet de levure chimique - 10 cl d'huile d'olive - 10 cl de lait - 3 œufs - 100 g de cheddar - 100 g de petits pois cuits - 100 g de carottes cuites coupées en petits dés - 1 c. à café de sel fin - 1c. à café de sucre cristallisé - 1/2 c. à café de poivre moulu - 20 g de beurre Préparation Versez la farine et la levure dans un saladier. Creusez un puits au centre. Versez l'huile, le lait, le sel, le sucre et le poivre. Mélangez en incorporant les œufs un à un. Coupez le cheddar en tous petits dés. Ajoutez le fromage, les petits pois et les carottes (bien égouttés) dans la pâte et mélangez rapidement. Répartissez la pâte dans des petits moules à mini-cakes en papier beurré aux trois quarts. Enfournez et faites cuire environ 25 min à 200°C. Vérifiez la cuisson à l'aide de la pointe d'un couteau. Laissez tiédir et démoulez. Servez tiède ou froid. Momo [email protected]