Selon lui, ce document du département d'Etat est basé sur des généralités et n'apporte pas de preuves des cas soulevés. Invité du forum d'El Moudjahid, jeudi dernier, Farouk Ksentini, président du CNCPPDH (Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme), n'a pas raté l'occasion d'épingler le dernier rapport du département d'Etat américain concernant la situation des droits de l'Homme en Algérie. Il lancera, à l'encontre des Américains un, “donnez-nous des noms pour qu'on puisse vérifier, ou intervenir, et procéder à des enquêtes” pour affirmer juste après que ce rapport est “fondé sur des généralités approximatives”. Restant aussi vague, à l'instar des rédacteurs du rapport US, Ksentini fermera la “parenthèse” par “c'est un rapport pas crédible”. De son côté, Merouane Azzi, responsable de la cellule chargée de la réconciliation nationale à la Cour suprême, présent à côté de Ksentini, s'est voulu plus direct dans ses attaques. Ainsi, à propos des longues détentions provisoires mentionnées dans le rapport américain, il souligna que “si c'était vrai, on aurait eu vent de ce genre d'information et nous n'avons jamais eu une preuve confirmant ces dires qui sont dénués de tout fondement”. Des affirmations qui ont fait réagir un avocat présent dans la salle, Me Chorfi. Ce dernier évoquera les dysfonctionnements des gardes à vue en mettant en exergue la falsification des registres. Selon lui, pour ne pas donner raison aux accusations des Américains, “le parquet doit aller vérifier le registre” ou encore en préconisant d'investir plus dans les prisons en autorisant, par exemple, l'utilisation des caméras. Le rapport US n'était pas le seul thème abordé par Ksentini lors de ce forum. Le président de la CNCPPDH a été interpellé par les avocats et les journalistes sur plusieurs autres sujets d'actualité. Commentant la grève des enseignants et la décision de justice pour l'arrêt de la grève, avec effet immédiat, il dira que le juge avait apprécié “d'une manière négative”. Il affirma également que “la violence, même à caractère judiciaire, il faut la balayer”. Toutefois, il n'omettra pas de mentionner : “À mon avis, la grève n'est pas le meilleur moyen”, avant de préciser, à propos du débrayage des deux secteurs, l'éducation et la santé, que “les revendications sont légitimes”. À propos des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, les deux avocats, Mes Ksentini et Azzi, s'y sont attardés en revenant sur ses “bienfaits”. Le second a ainsi exposé, avec chiffres à l'appui, les “efforts” de sa cellule en affirmant que 6 400 (sur 6 500) familles de disparus ont été dédommagées. Le président de la CNCPPDH est revenu sur le cas des femmes qui manifestent chaque mercredi devant le siège de la commission. “Je compatis à leur douleur, mais je ne peux pas faire plus que ce que j'ai fait”, affirma-t-il en rappelant : “J'ai obtenu l'indemnisation et la reconnaissance.” Allant plus loin sur le dossier des disparus, Ksentini souligna que “personne ne sait en vérité ce qui s'est passé” en posant la question : “Où sont les preuves ?” Sur la responsabilité de “certains” membres des services de sécurité, il lança la formule : “L'Etat est responsable mais pas coupable”, avant de donner un “conseil” aux familles : “Tournez la page !”