Photo : Slimene S. A. C'est une vraie mise au point qu'a faite Maître Farouk Ksentini à l'égard de ceux qui discréditent la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) dont il est le président. Avant d'ouvrir le débat au forum d'El Moudjahid où il a été invité, ce jeudi, 'illustre avocat a tenu, en préambule, à remettre les pendules à l'heure concernant le rôle de l'institution qu'il dirige indiquant au passage que celle-ci «est mal perçue». Voulant lever toute équivoque, Maître Ksentini a fait remarquer que la CNCPPDH est «indépendante» et n'a jamais été «l'appendice de la présidence de la République». Il a affirmé que depuis son installation à la tête de cette institution, aucune directive, pas même du président de la République, ne lui a été transmise. En abordant la réconciliation nationale, l'invité d'El Moudjahid a attiré l'attention des pouvoirs publics que son application s'est heurtée à des problèmes d'ordre bureaucratique, en plus des insuffisances constatées dans les dispositifs mis en place à cet effet. Concernant l'amnistie générale, Ksentini réitère, derechef, sa position indiquant que cette question relève «des attributions du président de la République car c'est lui qui a initié la réconciliation nationale et c'est à lui de terminer cette démarche». Pour maître Ksentini, la réconciliation nationale a besoin d'un nouveau souffle, c'est pourquoi il estime que l'amnistie générale n'est «qu'un acheminement inévitable et l'aboutissement de la réconciliation nationale». Pour le président de la CNCPPDH, l'amnistie générale, si elle se fait, «ne doit pas concerner les incarcérés du droit commun mais doit se limiter au segment du terrorisme». L'orateur se dit convaincu du fait que l'amnistie générale rassurera le retour de la paix au pays. «C'est mon point de vue personnelle», a-t-il précisé avant d'ajouter «que les terroristes, dans ce cas-à, doivent se soumettre ou se remettre, sinon s'assumer». A propos des indemnisations des victimes de la tragédie nationale, l'intervenant a fait savoir que la charte pour la réconciliation nationale a pris en charge cet aspect. Maître Azzi, juge, chargé de l'exécution des dispositions de charte, a fait savoir que pour les disparus, 6145 au total, 90% de leurs familles respectives ont été indemnisées. Selon lui, il n'y a eu aucun retard dans l'opération. Maître Benbraham, quant à elle, a souligné qu'il est important de déterminer la période de la tragédie nationale, tout en plaidant, au passage, pour que la CNCPPDH devienne à l'avenir une force de proposition et non pas seulement une instance de consultation. Reprenant la parole, le président de la Commission a appelé l'Etat à prendre en charge les personnes qui ont été incarcérés dans les centres du sud. PROPOSITION DE RAPPORTER L'ANNÉE PÉNALE À 9 AU LIEU DE 12 MOIS Après avoir visité une cinquantaine d'établissements pénitentiaires, Me Ksentini estime que la situation s'est beaucoup améliorée. Avec l'ouverture de nouvelles prisons, le problème de la surpopulation sera réglé, dit-il. A ce sujet, l'invité d'El Moudjahid a fait savoir que la Commission va soumettre une proposition aux instances concernées afin de rapporter l'année pénale à 9 mois au lieu de 12 mois pour justement dépeupler les prisons. En reponse à ceux qui accusent l'Algérie de disposer de prisons secrètes, Maître Ksentini soutient que cela relève «de la fixation et de la fabulation». C'est «de l'allégation avec raisons purement politique pour nuire à notre pays», souligne-t-il. Interpellé sur les détenus libérés dernièrement par les autorités libyennes, Me Ksentini a voulu «remercier publiquement le colonel El Kadafi de bien vouloir gracier les détenus algériens», enchaînant, toutefois, que s'il y a eu torture, «la Commission n'a qu'à la déplorer», «et elle n'a pas de leçon à donner sur cela». Au sujet des Algériens détenus dans la prison de Guantanomo, Me Farouka Ksentini dira : «nous attendons l'application de la promesse d'Obama». Par ailleurs, l'orateur, en évoquant le phénomène des harraga, a souligné que la solution ne peut être uniquement judiciaire mais doit être surtout sociale. Considérant l'ecole comme le vrai investissement d'un pays, la Commission compte effectuer des visites dans plusieurs établissements scolaires. Le rapport sur l'état de l'école sera rendu public.