La salle Ibn Zeydoun a abrité, jeudi passé, une soirée dédiée à Stevie Wonder, un artiste de renommée internationale, au talent exceptionnel et qui a vendu plus de 72 millions d'albums à ce jour. Outre les prestations musicales, un documentaire sur le parcours de l'artiste devait être projeté, mais au grand dam du public, massivement présent, la projection a été annulée. La déception était à son comble, et les spectateurs n'étaient pas au bout de leurs surprises. En fait, le spectacle devait commencer à 19h, mais comme la ponctualité n'est pas la qualité première des organisateurs de spectacles en Algérie, les musiciens se sont produits aux environs de 20h, ce qui a contraint les organisateurs à annuler la projection, le meilleur moment de cet événement. Nous avons cru qu'avec l'apparition sur scène du jeune groupe BB Blues, l'espoir allait revenir. Mais le pire ne s'était pas encore produit. Composé de Fawzi et Lynda au chant, et de six musiciens, notamment au saxophone, à la basse, à la batterie et au clavier, le groupe a revisité vingt titres de la légende vivante Stevie Wonder. Toutefois, pour le grand malheur des spectateurs et de leurs oreilles, le son était mal réglé, ce qui n'a pas franchement avantagé les interprètes. Le leader-chanteur a, certes, une très belle voix, mais il est loin du charisme de Stevie Wonder. Ne comparons pas l'incomparable, mais dans une interprétation, il y a aussi et surtout de l'émotion. Chose qui a gravement et fatalement manqué à la prestation des BB Blues. Car en plus de manquer de punch et d'énergie, on avait l'impression d'être dans un karaoké ou coincé dans un prime de téléréalité. Heureusement que d'autres artistes se sont joints à la fête, et ont accompagné ce jeune groupe, notamment Hakim du groupe Dzaïr, qui a interprété le tube, I just called to say i love you. Comme dans une fête de fin d'année, toute la salle, émue, a repris en chœur le refrain. Après Hakim, ce sont Nacim et Ali du groupe Djezma, qui ont fait une entrée fracassante, en sauvant par là-même la soirée. Nacim et Fawzi ont chanté en duo, Superstitions, et deux autres morceaux. La voix jazzy de Salima Abada, la chanteuse du groupe Contrast, a enflammé la scène, avec son timbre qui groove, son charme qui trouble, et son tempérament de feu. Ceci a fait oublier au public les petits désagréments du début du spectacle. Il est comme ça, le public algérien, fin connaisseur, mais pas rancunier ! Cependant, le groupe BB Blues a réellement de l'avenir devant lui, puisque le talent ne manque pas aux huit musiciens. Mais le talent ne suffit pas, le travail est le secret de la réussite.