Le forum international, qui a ouvert ses travaux à l'hôtel El-Aurassi (Alger), s'est distingué par la présence de plusieurs délégations de femmes, venues des quatre coins du monde, particulièrement d'Afrique et d'Amérique latine. Les participantes à la conférence internationale sur la résistance des femmes sahraouies ont été unanimes, hier, quant à la responsabilité du Conseil de sécurité des Nations unies dans l'application et le respect de ses propres résolutions. Initié par l'organisation nationale des femmes sahraouies (UNFS), en collaboration avec le Comité algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), le forum international, qui a ouvert ses travaux à l'hôtel El-Aurassi (Alger), s'est distingué par la présence de plusieurs délégations de femmes, venues des quatre coins du monde, particulièrement d'Afrique et d'Amérique latine. Il a également accueilli un groupe de combattantes de la guerre de Libération nationale, notamment Djamila Bouhired et Louisa Ighil Ahriz ainsi que des représentantes du mouvement associatif et des juristes algériennes, à l'exemple de Maya Sahli, membre du groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine (Conseil des droits de l'homme de l'ONU). La rencontre a surtout été rehaussée par la participation d'une délégation de militantes et de militants des droits de l'homme des territoires du Sahara occidental sous occupation marocaine. “J'ai perdu mon œil, mais je n'ai pas perdu mon peuple ni ma cause”, a déclaré Soultana Khaya, l'étudiante sahraouie qui a perdu son œil en 2007, suite à la répression marocaine qui s'était abattue sur une manifestation pacifique. Mais pour la jeune femme, ce qu'elle a subi “n'est rien par rapport à ce qu'endurent les femmes sahraouies au quotidien”. Soultana Khaya s'est alors élevée contre l'idée d'autonomie de l'ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental, appelant à la solidarité agissante avec ses compatriotes emprisonnés, dont les six qui sont en grève de la faim, ainsi qu'avec la population sahraouie des territoires occupés. Et pour conclure, la jeune Sahraouie a paraphrasé son aînée Aminatou Haïder, en soutenant à l'adresse du Maroc : “Vous pouvez tout faire, mais vous ne changerez jamais mon être.” Hier, de nombreuses intervenantes, particulièrement de la République arabe sahraouie et démocratique (Rasd), d'Afrique du Sud, d'Algérie, de Palestine, de Namibie, de France et des pays latino-américains se sont succédé pour interpeller le Conseil de sécurité des Nations unies sur la problématique d'application de ses résolutions. “Les femmes sud-africaines ont affronté l'apartheid qui était soutenu par l'Angleterre. Aujourd'hui, le combat d'Aminatou Haïder s'inscrit dans le cadre du processus de décolonisation qui n'a pas été achevé. Il est grand temps d'appliquer les résolutions onusiennes”, a relevé Mme Hamidouche, une élue britannique d'origine algérienne. Pour cette dernière, “l'Afrique sera définitivement libre, lorsque le Sahara occidental, la seule colonie dans le continent, recouvrera son indépendance”. Avant elle, la militante sud-africaine, Winnie Mandela, a été très explicite, quant à la nature du régime marocain. “Le Maroc applique l'apartheid au Sahara occidental”, a-t-elle dit. Elle a cependant observé que le colonialisme qui est bien connu par le continent africain, “a le même visage”, que ce soit en Afrique du Sud, du temps de l'apartheid, au Sahara occidental ou en Palestine. Une raison suffisante pour elle pour “en finir avec le colonialisme” et “régler le problème de décolonisation au Sahara occidental”. Plus loin, Winnie Mandela a abordé le mandat de Barack Obama. Selon elle, l'actuel président des Etats-Unis, le premier noir à accéder à la Maison-Blanche, doit prouver, par des “actes”, son attachement au continent africain. “Le président Obama, s'il est proche des préoccupations africaines, doit le traduire dans ses actes”, a-t-elle affirmé. Elle s'est en outre interrogée sur l'apport du mouvement international de solidarité avec le peuple sahraoui, en proposant la création d'un “mouvement mondial contre l'apartheid marocain”. La militante de l'ANC a aussi insisté sur “l'amélioration de l'image de l'Afrique” auprès de l'Occident, citant notamment les USA et la Grande-Bretagne. De son côté, la responsable de l'Organisation des femmes africaines (OFA), Yatima Hahal, a estimé que l'Union africaine doit redoubler d'efforts, afin de contribuer au respect des résolutions onusiennes, en rappelant que “la Rasd est membre à part entière de cette organisation”. Enfin, la représentante des associations françaises de soutien au droit des Sahraouis, Claude Manguin, a témoigné de la situation dans les territoires occupés, en référence à la mission qu'elle a effectuée en 2009. Elle n'a pas caché ses craintes, quant aux risques pris par la délégation sahraouie venue des territoires sous occupation marocaine, avant de suggérer de la raccompagner, pour être témoin de l'accueil qui lui sera réservé. Elle a également invité officiellement Winnie Mandela au colloque qui se tiendra le 28 octobre prochain à l'Assemblée nationale française en prélude à la conférence internationale de soutien au peuple sahraoui, qui aura lieu cette année sur le sol français, les 30 et 31 octobre 2010. Signalons que la conférence internationale sur la résistance des femmes sahraouies s'achèvera aujourd'hui, dans les camps des réfugiés. Une date qui coïncide avec le passage de l'émissaire onusien pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans la région.