L'INSIM, MDI, l'Ecole supérieure algérienne des affaires… autant d'institutions de formation créées et mises en place dans le sillage de la libéralisation de l'économie. Dans ce contexte, le nouveau mode de gestion induit par les réformes a généré de nouveaux besoins en managers, aptes à diriger une économie de marché ouverte sur l'extérieur et de plus en plus intégrée dans le processus de mondialisation. Les impératifs de compétitivité de l'entreprise et de l'appareil de production national en général, ont fait, par ailleurs, que l'émergence de ces établissements se soit posée à la fois comme une nécessité, mais aussi comme une exigence incontournable. Dans cet élan, et exploitant favorablement cette dynamique, le privé a fait une irruption remarquable dans les activités de formation et d'enseignement du savoir et des techniques managériales, jusque-là relevant exclusivement du secteur public avec un contenu qui répondait, avant les réformes économiques de 1988, aux seuls besoins d'une économie planifiée. L'actualisation et l'adaptation des programmes et cursus pédagogiques, de même que la mise à niveau du corps professoral aux évolutions des nouvelles réalités économiques, bien qu'ayant été anticipées et appliquées dans le secteur de l'enseignement public, celui-ci ne pouvait, objectivement, répondre seul à la nouvelle et forte demande des opérateurs publics et privés en ressources humaines compétentes et hautement qualifiées dans les disciplines du management et du marketing. Cette situation explique en grande partie le succès de ces grandes écoles naissantes en Algérie. N'oublions pas que la majorité de ces grandes écoles, qui activent dans le domaine de la formation continue en management et qui se veulent aujourd'hui des pôles d'excellence – dont la notoriété va devoir passer, ou passe déjà pour certaines, par des relations de partenariat avec les grandes institutions étrangères de formation – se sont initialement développées à la faveur de l'ouverture du secteur de la formation et de l'enseignement professionnels, par la création d'Instituts privés de formation de techniciens et techniciens supérieurs en sciences de gestion. Ces instituts, de moindre renommée, ont néanmoins été d'un apport complémentaire appréciable pour le secteur public de la formation professionnelle. Celui-ci ne pouvait absorber, seul, l'ampleur des besoins en formation, en raison notamment du nombre d'élèves exclus annuellement du système scolaire et du faible pourcentage de réussite au baccalauréat, mais aussi des besoins du marché en nouvelles qualifications. S'il est indéniable que ce réseau d'instituts privés locaux a permis à des milliers de jeunes d' accéder, moyennant paiement substantiel, à ces nouvelles formules de formation, assure-t-il, pour autant, une qualité des enseignements dispensés ? Malheureusement, et bien que des cahiers des charges stricts soient établis par les pouvoirs publics pour l'obtention des agréments, les “trabendistes” dans certains cas n'auront pas épargné ce secteur en dépit de son caractère noble et sensible. Les jeunes prétendants aux grandes écoles d'affaires risquent vite de déchanter pour de nombreuses raisons. D'abord, comme évoqué précédemment, les droits d'inscription faramineux constituent une barrière que seules certaines catégories sociales peuvent franchir. Ensuite, parce que les grandes écoles, hormis celles qui font appel à un corps professoral des grands instituts étrangers de management et de commerce, notamment français et canadiens, n'apportent pas “le plus” recherché par rapport aux écoles et instituts publics algériens. En effet, leur force de frappe est constituée essentiellement d'enseignants puisés dans le marché national de l'expertise et de la formation. En vérité, le problème qui se pose aussi bien aux instituts publics que privés est que ces derniers doivent se hisser au niveau de standards universels pour offrir des programmes de qualité internationalement reconnus. Cette exigence a fait que les pouvoirs publics ont récemment adopté une nouvelle démarche qui consiste à créer et à développer des pôles d'excellence dans les domaines des sciences et de la connaissance (l'ENA, Polytechnique, l'Ecole des hautes études commerciales…). Il s'agit de créer les conditions d'émergence d'une élite nationale qui soit en mesure de relever les défis de demain. Une telle approche gagnerait à être complétée, y compris dans un but d'émulation et de libre expression de la diversité des idées et des concepts, par la création d'universités privées dans certaines disciplines hautement spécialisées.