M. Hamid Aït Saïd, père du jeune Tarik, assassiné le 7 août 1996 par la police à Azazga, a animé hier, lundi, une conférence de presse à l'hôtel Lalla-Khedidja de Tizi Ouzou, pour appeler la justice à faire son travail, rien que son travail de justice dans le jugement, le 31 mars courant à la cour de Blida, de l'affaire de “l'assassinat volontaire par la police” de son fils Tarik (19 ans), il y a 13 ans. “À ce jour, justice ne nous est pas encore rendue ; l'objectif de ma conférence est de prendre à témoin la population, car, par trois fois, cette affaire a été toujours classée, pendant que les assassins de mon fils bénéficient des promotions et des mutations entre Azazga, Tizi Ouzou, Boumerdès et Blida.” C'est grave qu'un procureur ne fasse pas son travail, lorsqu'on sait qu'on a tiré à bout portant sur mon fils et qu'on ne fasse pas d'autopsie, d'étude balistique, ni de commission rogatoire. Depuis 1997, je ne cessais de saisir la justice de mon pays pour me rendre justice. Ce n'est qu'en 2001 que j'ai reçu une convocation, mais à chaque fois, c'est pour conclure à un non-lieu ou au classement de l'affaire. Et dire que la chambre d'accusation du tribunal de Tizi Ouzou avait ordonné en septembre 2006 “le mandat d'arrêt des assassins ou du moins leur prise de corps le jour du procès”. Vainement, selon le conférencier, qui précise qu'au début, “on a voulu coller à son fils l'étiquette de terroriste, mais lorsqu'on a su que, moi, son père, j'étais chef des Patriotes, et que ma famille comptait pas moins de 14 chouhada de la révolution de Novembre, on a fini par comprendre qu'un tel argument ne pourra pas tenir”. Concernant le jugement de cette affaire à Blida, le père de la victime indique que ce transfert a été décidé à sa demande, car, selon lui, dans le procès des assassins de son fils à Tizi Ouzou, il a constaté que “le procureur de la République, impliqué dans trois rejets du dossier à Azazga, est promu procureur général de la cour de Tizi Ouzou, et que l'officier impliqué dans l'assassinat de mon fils est promu commissaire à Tizi Ouzou. Pour au moins ces deux raisons, j'ai refusé que la reprise du procès ait lieu à Tizi Ouzou et j'ai demandé un changement de juridiction. Ma requête a été accordée. Suis-je pour autant rassuré ? Sans mentir, non ! Sachant surtout que l'actuel président de la cour de Blida était procureur général à Tizi Ouzou et qu'il n'a pas appliqué l'arrêt de la chambre d'accusation ordonnant alors le mandat d'arrêt des assassins ou du moins leur prise de corps le jour du procès. Néanmoins, les temps changent et les hommes aussi, et j'attends pour cette fois-ci, l'application stricte de la justice et l'impartialité des hommes chargés de veiller sur elle”. “J'aurais pu ébruiter l'affaire, la porter dans la rue, l'internationaliser, mais je tiens mordicus à ce que la justice de mon pays fasse son travail, pas seulement pour moi – mon fils ne reviendra plus –, mais pour tous les Algériens, pour que plus jamais nos policiers tirent impunément sur leurs concitoyens, sur les enfants. J'ai de très bons amis policiers, de très bons amis hommes de loi, mais je n'arrêterai pas d'être pugnace pour une justice pour tous les Algériens. Un assassin doit être jugé et puni selon le degré de son acte, quel que soit son rang social”, fera encore remarquer M. Hamid Aït Saïd, de son état maire de la commune d'Iferhounène.