Le tribunal criminel de Blida, 50 km au sud-ouest d'Alger, a prononcé, mercredi dernier, son verdict dans l'affaire de l'assassinat par des policiers, le 7 août 1996 à Azazga, du jeune Tarik Aït-Saïd, âgé alors de 19 ans, fils de Hamid Aït-Saïd, président actuel de l'APC d'Iferhounène, wilaya de Tizi Ouzou. Au terme du jugement, le procureur général avait prononcé la peine de 15 ans de prison à l'encontre de quatre accusés dans cette affaire, nous apprend le père de la victime. Après les délibérations, le tribunal a retenu la peine de 5 ans fermes à l'encontre de K. Rachid, ancien officier, puis commissaire à Tizi Ouzou, qui avait, au moment des faits, ordonné de tirer, et 5 autres années fermes à l'encontre de H. Farid, agent de l'ordre public à Azazga, auteur des balles assassines, a ajouté notre interlocuteur. À la demande du tribunal quant au montant devant être versé par les meurtriers de l'adolescent, le père a demandé un dinar symbolique à verser au Trésor public. “L'argent ne fera pas revenir mon fils. Maintenant, l'essentiel pour moi, c'est de faire, enfin, dignement le deuil de mon enfant assassiné. J'ai cru en la justice de mon pays, elle est là. Et tant qu'il existe d'honnêtes juges, l'Algérie restera debout, voilà mon idéal”, ajoutera encore Hamid Aït-Saïd, digne fils de chahid dont la famille a payé un tribut de 14 martyrs à la révolution de Novembre 1954. M. Aït-Saïd, qui a animé, le 22 mars dernier, une conférence de presse à l'hôtel Lalla-Khedidja de Tizi Ouzou, demandait alors que la justice lui soit rendue dans cette affaire et que les assassins de son fils soient condamnés suivant le degré de leur crime. “Par trois fois, avait-il rappelé, les jugements prononcés à Azazga comme à Tizi Ouzou étaient toujours pour classer l'affaire ou pour prononcer un non-lieu, non sans bénéfice. Et suite aux promotions en faveur des… accusés, j'ai adressé des requêtes à la Cour suprême pour un changement de juridiction. Ce qui m'a été accordé après un combat de 14 années pour faire triompher une juste justice, pour tous les Algériens, pas seulement pour moi. Imaginez un seul instant, vous qui êtes pères, ce qu'il serait advenu de l'affaire si mon fils – ou tout autre enfant algérien n'ayant pas de père et à qui il serait arrivé la même chose – était orphelin au moment des faits…”, s'était indigné le conférencier, la voix nouée par l'émotion, plongeant la salle dans un silence implacable. Décidément, “quand la justice va, tout va” à merveille.