La question de l'éthique et de la déontologie de la presse a été, hier, au centre des travaux d'un atelier de deux jours, organisé à l'hôtel El-Biar (Alger), par la délégation de l'Union européenne (UE) en Algérie, avec le soutien de la Fédération internationale des journalistes (FIJ). “En mettant en place un ensemble de principes minimums à respecter, la presse préserve sa crédibilité, ainsi que sa position vis-à-vis des pouvoirs (politique, financier ou autres)”, a déclaré Laura Baeza, l'ambassadrice de la délégation de l'UE. Cette dernière a tenu à rappeler que les droits à l'information, à la libre expression et à la critique font partie “des libertés fondamentales qu'il faut à tout prix défendre et protéger”. Seulement, poursuivra-t-elle, pour ne pas tomber dans la désinformation ou la diffamation, il faut se pencher sur la question de l'éthique et de la déontologie/autorégulation, qui pourrait prendre la forme d'une “charte de l'éthique” ou d'un “code de déontologie”. De son côté, la représentante de la FIJ, Pamela Morinière, a insisté sur “le respect de la transparence” du système d'autorégulation, en notant que les journalistes exercent dans des conditions “qui font parfois l'objet de pressions”. “C'est une profession qui devient difficile”, a-t-elle renchéri. Cet avis est partagé par Nadir Benseba, le représentant de la FIJ en Algérie, lequel a constaté des “retards” dans le montage de l'édifice organisationnel de la profession, à l'exemple de l'absence de la carte nationale du journaliste et ses conséquences sur le statut de ce dernier. Des retards, révélera-t-il, qui “aggravent, voire avilissent même, l'image du champ médiatique algérien et rendent parfois impossible l'effort du journaliste à améliorer le produit de son métier”. Hier, dans son exposé relatif à son expérience à la tête du Conseil supérieur de l'éthique et de déontologie (CSED), Zoubir Souissi, l'ex-directeur du Soir d'Algérie, a avoué que des questions importantes concernant l'utilité de cette institution, la précision sur sa mission et la connaissance de ses moyens matériels et financiers, avaient été évacuées à l'époque. Sans oublier les difficultés suscitées par la relation médias-pouvoirs publics et l'environnement socioprofessionnel, et le non-respect “parfois” des règles du jeu. “L'expérience du Conseil a des côtés positifs et des côtés négatifs. Aujourd'hui, nous devons revenir à des formules plus prosaïques”, a déclaré l'ex-président du CSED, en référence notamment à “la formation du journaliste”. Au cours du débat, M. Souissi, mais également d'autres participants, y compris des éditeurs, ont insisté sur le fait que le CSED avait été créé sur initiative du syndicat national des journalistes (SNJ), dans un souci de “moraliser la profession”. Ils ont, en outre, rappelé que le Conseil, élu en mai 2000 par une assemblée générale souveraine, était “l'émanation des journalistes”. D'autres constats ont également été relevés. Selon le directeur de publication de Liberté, Outoudert Abrous, le CSED se présentait comme une autorité qui n'avait pas de “pouvoir de sanction ou de contrainte”, durant ses 4 ans de mandat. Il a aussi noté que “les membres du conseil ont reçu plusieurs saisines de diffamation”. Pour M. Abrous, malgré leur volonté, le CSED connaîtra ses limites, en raison des contraintes rencontrées. “Sans siège, sans aucune subvention de l'Etat, il a vécu grâce aux aides apportées par 5 journaux”, a-t-il signalé. Le CSED doit-il être réactivé ? “L'existence d'un CSED est impérative”, a estimé M. Souissi. Pour M. Abrous, le moment est venu pour que la profession prenne au mot les engagements pris le 3 mai dernier par le président de la République. Mais, au lieu d'attendre des initiatives qui viendraient des institutions, les éditeurs et journalistes doivent, selon lui, “faire des propositions pouvant mettre en place des instruments d'autorégulation”.