La Chambre des représentants vote sa réforme de la santé. Par 219 voix pour et 212 voix contre, la Chambre des représentants a adopté la réforme du système de santé américain voulue par Barack Obama, ce que n'ont pas pu concrétiser ses prédécesseurs depuis un siècle. Passé avec succès, moyennant quelques amendements, le texte sera transmis à la Maison-Blanche pour promulgation. Objet d'âpres batailles depuis un an, cette loi profitera à 32 millions d'Américains privés de couverture sanitaire et qui pourront en bénéficier désormais. C'est une victoire à l'arraché, mais elle n'en est pas moins historique. Aucun député républicain n'ayant voté le texte, le succès a été possible, grâce au ralliement, in extremis, des démocrates réticents qui reprochaient à cette loi son caractère budgétivore. Le président Obama a fait de cette réforme son projet phare, et en engageant la bataille législative, il savait qu'il jouait son avenir politique. Après 14 mois d'exercice de pouvoir dans un contexte difficile, le premier président noir des Etats-Unis peut entrevoir l'avenir avec plus de sérénité, même si une dizaine d'Etats menacent d'attaquer les autorités fédérales en justice pour inconstitutionnalité de la loi. Ce succès remporté de haute lutte par Barack Obama aura de multiples implications. Parce qu'il a gagné le pari risqué de réussir là où ont échoué d'illustres prédécesseurs, le Président voit son autorité et sa crédibilité se renforcer indéniablement. C'est d'autant plus important pour lui que ce succès intervient au moment où sa cote de popularité est au plus bas (moins de 50% d'opinions favorables) depuis son élection. Il arrive aussi à sept mois du mi-mandat, synonyme d'élections législatives aux Etats-Unis. Il est toujours plus bonifiant électoralement pour les démocrates de mettre en évidence les succès de leur présidence que de pointer du doigt les entraves de l'adversaire afin de justifier ses échecs. C'est un atout considérable lorsqu'on connaît la mentalité américaine, qui fait de la compétition une valeur fondamentale et qui voue le plus grand respect à l'esprit de la gagne. Sur un tout autre registre, il convient de souligner que la perspective du vote de la réforme de la santé, dont le résultat était loin d'être acquis d'avance, a sans doute déteint sur les autres dossiers mis en chantier par le locataire de la Maison-Blanche. Qu'il s'agisse du dossier du réchauffement climatique ou de l'épineux problème du processus de paix au Proche-Orient, le président Obama a sans doute joué la prudence, de peur de se mettre à dos de puissants lobbies, très influents au Congrès. Avec ce vote ultime de la Chambre des représentants, il s'est donc débarrassé d'un très lourd fardeau. Cela peut signifier un nouveau départ de sa gouvernance. En tout cas, il a l'opportunité de faire en sorte que ce soit le cas, notamment dans le traitement du dossier israélo-palestinien, plus que jamais d'actualité. Alors que le gouvernement israélien a provoqué une crise diplomatique entre Washington et Tel-Aviv, la visite de Benjamin Netanyahu sera-t-elle l'occasion pour Barack Obama de renouer avec son discours équilibré mais ferme de son début de mandat ? Ou alors confirmera-t-il que sa reculade est structurelle et non conjoncturelle ?